Prétendant faussement détenir les droits exclusifs pour l’importation et la distribution de produits de beauté conçus pour les peaux foncées, Maryline Potvin a convaincu des dizaines d’investisseurs à prendre des parts dans son entreprise bidon. Résultat : 29 victimes pour des pertes financières avoisinant 1,5M$.
La supercherie a été mise au jour une première fois l’an dernier, pour une série de fraudes commises entre 2010 et 2013 totalisant 1,2M$ et touchant 25 victimes. Selon le récit du procureur de la Couronne, Me Juan Manzano, l’accusée a proposé à son entourage d’investir dans sa compagnie Zoka spécialisée dans la vente de cosmétiques de la marque française HT26 destinés aux gens de couleur.
Elle-même de race noire, la Lévisienne a convaincu ses victimes en présentant un faux document confirmant la distribution exclusive de ses produits dans les chaînes Target et Wal-Mart au Canada et aux États-Unis. Lorsque les investisseurs s’inquiétaient, elle exhibait de faux comptes bancaires affichant plusieurs M$ et signait des chèques sans provisions en échange de nouveaux investissements.
Le plus triste, c’est que la femme de 31 ans a récidivé entre novembre 2016 et mars 2017, alors qu’elle était en liberté sous conditions durant les procédures. Cette fois, Potvin a piégé des gardes du corps embauchés pour accompagner celle qui se faisait passer pour une importante femme d’affaires propriétaire de 90 pharmacies et magasins de sport à travers le Québec. Elle en a convaincu trois ainsi qu’un retraité à lui verser l’équivalent de 211 000$. Leurs plaintes ont mené à une nouvelle arrestation et sa détention.
Réflexion et culpabilité
C’est une fois derrière les barreaux que la fraudeuse impénitente a mesuré l’ampleur de ses délits. Devant le refus d’une libération sous caution, elle a décidé de plaider coupable à l’ensemble de ses dossiers. Les parties, représentées en Défense par Me Luc Picard et en Poursuite par Me Juan Manzano, ont convenu d’une suggestion commune prévoyant une peine de 4 ans et demi de pénitencier, moins 40 jours de détention provisoire, assortie d’une ordonnance de remboursement des victimes.
Avant d’entériner la proposition des avocats, le juge Bernard Lemieux a demandé à l’accusée si elle désirait s’exprimer. «Je suis désolée pour ce que j’ai fait. C’était des gens que j’aimais et mon intention n’était pas de me rendre jusque-là. J’ai fait une erreur et je veux me reprendre», a-t-elle exprimé d’une voix faible. «C’est plus qu’une erreur, il s’agit d’une grosse fraude», a corrigé le magistrat en prenant la peine de lire des bribes de témoignages des victimes. Celles-ci déplorent toutes une perte de confiance et d’estime, ainsi que des problèmes de santé et des difficultés financières allant jusqu’à la faillite.