Depuis deux semaines, je lis et j’écoute les témoignages de toutes ces femmes harcelées, agressées, dégradées, forcées, violentées et violées… J’écoute comment elles ont dû subir l’abominable, le pouvoir de l’homme, masculin, le mâle alpha, le viril absolu. J’ai lu comment ces femmes libres et indépendantes ont été salies, souillées, dégoûtées et humiliées. J’ai compris pourquoi elles se sont senties coupables, pourquoi elles n’ont pas pu en parler et pourquoi elles ont refoulé: le poids de la société, le regard des autres, le monde des hommes, le pouvoir… Je comprends pourquoi elles ont décidé de renverser la table, de dire «assez».
Tout ça m’a profondément bouleversé. Choqué. Je suis un homme et les hommes me font honte. J’ai honte de vous, messieurs. J’ai honte de nous. Je suis coupable moi aussi : non que j’aie jamais harcelé, forcé ou abusé quiconque, non, mais je suis coupable parce que j’ai été témoin de quelques remarques, gestes ou situations où j’aurais dû intervenir ou du moins accuser et dénoncer, alors que j’ai décidé de tourner la tête, de me fermer les yeux et les oreilles… Ça ne me regarde pas, ce n’est pas de mes affaires, je ne veux pas m’en mêler, je ne veux pas de problèmes… Que de «bonnes» raisons.
J’en ai honte.
Je suis père de deux jeunes filles, 11 et 9 ans, belles, intelligentes, débordantes d’énergie et de beau potentiel. Je le sais. Je le vois. Je les aime, bien sûr, comme un père peut aimer ses filles, inconditionnellement, infiniment. Ce que je lis et écoute depuis deux semaines m’angoisse profondément. L’idée que, dans quelques années, mes filles pourraient être plaquées contre un mur, embrassées de force, touchées sans leur consentement, pire encore… Cette pensée me révolte, me dégoûte, m’horrifie.
Qu’on ne vienne plus me dire que l’égalité entre les hommes et les femmes est déjà acquise. Le combat est loin d’être fini. Nous avons aujourd’hui l’occasion de changer les choses, fondamentalement. De mettre définitivement fin à cette impunité masculine qui fait qu’au Québec, seulement 5% des agressions sexuelles sont rapportés à la police et que, parmi celles-ci, seulement 3 sur 1 000 se soldent par une condamnation. Nos lois doivent protéger les victimes. Les femmes doivent se sentir en sécurité lorsqu’elles dénoncent leurs agresseurs. Il ne doit pas y avoir de conséquences sociales ou professionnelles pour elles dans ces cas-là.
Nous nous devons d’éduquer nos enfants, nos fils, au respect des femmes ainsi qu’au sens et à l’importance du consentement. Les hommes doivent comprendre qu’ils sont complices de cette injustice en glorifiant le machisme culturel, la misogynie phallocentrique et l’objectification de la femme.
La vague #MoiAussi est peut-être ce qui permettra enfin de changer les choses. Elle ne doit pas être un sursaut éphémère mais une véritable prise de conscience collective. Je l’espère, pour mes filles aussi, vraiment.