Une commission d’enquête publique est nécessaire pour la faire la lumière sur la répression policière qui a eu lieu durant la grève étudiante, au printemps dernier.
51 organisations ont uni leurs voix mardi pour en faire la demande, se disant «déçues» que de multiples demandes précédentes soient restées sans réponse.
Des associations étudiantes, des groupes de défense des droits et des syndicats demandent une rencontre avec la première ministre, Pauline Marois, à cet effet, pour éviter «qu’une des plus grandes vagues de répression policière de l’histoire du Québec contemporain» ne tombe dans l’oubli.
La coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés, Nicole Filion, a rappelé que l’actuel ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud, avait lui-même réclamé une commission d’enquête publique, alors qu’il était encore membre de l’opposition, sur les agissements des policiers pendant la manifestation monstre qui avait eu lieu à Victoriaville, au printemps dernier. La violence des affrontements entre les policiers et les manifestants avait alors choqué les Québécois, lors du congrès du Parti libéral du Québec, en mai dernier.
Nicole Filion, appuyée de la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, et de la présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Éliane Laberge, a également souligné que le phénomène est beaucoup plus large que le contexte de la grève étudiante.
Elle a notamment évoqué la répression policière qui avait marqué le commet du G20, en 2010 à Toronto.
«L’histoire doit cesser de se répéter, a soutenu Mme Filion. On a besoin que cesse l’impunité policière.»
Le regroupement d’organismes est confiant que, cette fois-ci, en interpellant directement la première ministre, ses demandes porteront fruit.
«Rappelons que Mme Marois avait elle aussi dû répondre de son port du carré rouge; on pense donc qu’elle aura une sensibilité aux appels qui lui sont faits», a affirmé Mme Filion.
«Tant qu’on n’est pas entendu, il faut marteler et répéter le message, a ajouté Martine Desjardins. Je pense qu’on l’a vu au printemps dernier : on se fait entendre lorsqu’on parle fort.»
L’attachée de presse de Pauline Marois, Marie Barrette, a affirmé en entrevue à Métro que rien n’était exclu présentement, au bureau de la première ministre.
«Le ministère de la Sécurité publique est en train d’évaluer les dossiers et la plaintes, et nous prendrons une décision ensuite», a-t-elle précisé.
Objectifs
Une commission d’enquête publique sur les opérations policières pendant la grève étudiante devra avoir les cinq objectifs suivant, selon le regroupement d’organismes qui demandent sa création :
- Questionner les opérations policières. Les arrestations de masse, les blessures et le manque d’aide aux personnes blessées.
- Questionner les interventions politiques du gouvernement. Les déclarations du gouvernement dans les médias, qui auraient accru les confrontations, ainsi que les directives du gouvernement aux corps policiers.
- Questionner les abus de droit. Le profilage politique envers les «carrés rouges», les détentions abusives, l’adoption de nouveaux règlements limitant le droit de manifester, etc.
- Permettre aux victimes de violations de droits d’obtenir une réparation. Obliger également les responsables des abus à répondre de leurs actes.
- Évaluer la possibilité de créer une instance indépendante et civile de surveillance des opérations policières.
Une instance indépendante
La coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés, Nicole Filion, estime que le gouvernement doit mettre en place une instance indépendante du gouvernement dont le mandat serait de mettre sur pied une commission d’enquête lorsqu’elle le croit nécessaire.
«Ainsi, on serait pas à la merci des décisions politiques, croit-elle. Si on avait une institution qui avait le pouvoir d’initier des enquêtes dans des circonstances comme celles qu’on a connues au printemps dernier, on ne serait pas en train d’implorer le gouvernement de tenir cette enquête publique.»