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Massé inquiète de la relation avec les Autochtones

Paul Chiasson / La Presse Canadienne

Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Les relations du gouvernement Legault avec les Autochtones sont bien mal parties, selon Québec solidaire (QS).

En seulement quelques jours, le nouveau gouvernement caquiste a raté deux occasions de bâtir des ponts, a estimé la chef parlementaire de QS, Manon Massé, en entrevue à La Presse canadienne.

Elle déplore que la ministre caquiste des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, ne se soit pas déplacée à une rencontre d’urgence dans le Grand Nord à la suite d’une vague de suicides chez les Inuits.

C’est plutôt le député d’Ungava, Denis Lamothe, ainsi qu’un groupe de fonctionnaires, qui ont été dépêchés à Kuujjuaq mardi et mercredi dernier. Ils doivent aviser les ministres concernés des actions à poser.

«Pour moi, c’est évident que Mme D’Amours a manqué une belle occasion de se plonger tête première dans ses responsabilités», a déclaré Mme Massé, qui est également porte-parole de QS en matière d’affaires autochtones.

La ministre ne devrait surtout pas se contenter de «briefings techniques», d’après elle. «Pour l’avoir vécu moi-même, il faut vivre le Nunavik pour voir l’importance des gestes qui doivent être posés», a-t-elle renchéri.

Mme Massé s’est rendue au Nunavik en mars 2016 avec des membres de la Commission des relations avec les citoyens, qui avait adopté un mandat d’initiative portant sur les conditions de vie des femmes autochtones en lien avec les agressions sexuelles et les violences conjugales.

«Quand tu connais le Nunavik de l’intérieur, tu le sais que ta présence, c’est ce dont les gens ont besoin à ce moment-là», a-t-elle soutenu.

La députée insiste: «La meilleure façon d’apprendre de la réalité des Autochtones et des Inuits, c’est en étant sur place, et ces deux jours-là auraient été extrêmement formateurs pour la ministre.»

Apuiat, un «mauvais geste»

La ministre D’Amours était également absente de la première rencontre officielle entre le premier ministre François Legault et le grand patron d’Hydro-Québec, Éric Martel, ainsi que le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien.

Il était entre autres question du projet de parc éolien Apuiat, qui, dans sa forme actuelle, a été dénoncé et condamné par le gouvernement, mais auquel les Innus de la Côte-Nord s’accrochent.

Ces derniers font valoir qu’ils ne sont plus dans une logique de recevoir une «rente», mais bien de réaliser leurs propres projets.

Ils ont rappelé qu’ils devaient recevoir près d’une dizaine de millions de dollars par an pendant 25 ans grâce à ce projet, et que de 300 à 400 emplois seraient créés durant le chantier.

Si Manon Massé déplore l’absence complète de Mme D’Amours dans ce dossier, elle se montre encore plus sévère à l’endroit du premier ministre Legault.

«M. Legault n’a pas rencontré les Premières Nations en premier, et c’est ça qui aurait dû être fait, a-t-elle déploré. C’est la nation innue qui est partenaire privilégié dans ce projet-là. (…) M. Legault a fait le mauvais geste.

«Il va falloir que ça se passe autrement avec la nation innue, parce que c’est pas bin parti pantoute», a-t-elle pesté.

Selon Mme Massé, qui affirme être en contact régulier avec le peuple innu, une rencontre entre le chef du gouvernement du Québec et les chefs autochtones s’impose.

Le Québec a été l’un des premiers États occidentaux en 1985 à reconnaître les communautés autochtones en tant que nations à part entière.

«M. Legault comme chef de notre nation, oh c’est dur de dire ça, mais c’est ça hein, c’est quand même le chef de notre nation, je pense que la nation innue mérite que ce soit le chef de notre nation qui la rencontre», a-t-elle dit.

François Legault a rencontré le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, à son bureau de Montréal la semaine dernière.

Il rencontrera les 43 chefs de l’APNQL le 16 novembre prochain à Wendake, dans la région de Québec, a confirmé une source caquiste à La Presse canadienne vendredi.

La ministre D’Amours n’était pas immédiatement disponible vendredi pour répondre à nos questions.

Au Jour 34 de la campagne électorale, M. Legault avait dit vouloir marcher dans les traces de Bernard Landry et conclure une entente de type «Paix des Braves» avec plusieurs nations autochtones.

La «Paix des Braves», qui a été conclue en 2002 entre le gouvernement du Québec et les Cris, accorde une autonomie accrue aux Cris pour le développement du territoire, leur développement économique et les ressources énergétiques, forestières et minières. Elle était assortie d’une enveloppe de 4,5 milliards $ sur 50 ans.

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