Vendredi soir, centre-ville de Montréal. Je mange des tacos avec une amie dans un petit resto sympathique (et très instagrammable) près du centre Bell. On est assises au bar et on jase en buvant nos cocktails. Jusque là, c’est une soirée tout à fait normale pour deux jeunes professionnelles dans la fin vingtaine. «Allez-vous voir le show de Marie-Mai ce soir?» Le barman nous prend au dépourvu avec sa question. On échange un petit regard qui veut dire «On lui dit-tu?» puis on avoue que oui, avec un petit rire gêné. Le gars sourit, nous dit qu’on n’est pas les seules dans le resto et nous pointe les tables des clients qui iront aussi voir le spectacle après avoir mangé.
J’ai reçu une invitation VIP au spectacle puisque je travaille à la radio et que c’était la première médiatique. À ce moment-là, je me suis demandé si je devais le préciser au barman pour avoir l’air moins… Moins je ne sais pas quoi, mais pour lui signifier que je n’aurais pas payé pour aller voir un show de Marie-Mai. En y pensant bien, je me suis finalement dit que ce serait malhonnête de faire comme si je n’avais aucun intérêt pour le spectacle parce que dans le fond, j’avais hâte de le voir pour vrai.
Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis une grande fan parce qu’après Star Académie 2003 et après l’été que j’ai passé à faire des tours du bloc à vélo en écoutant Chante, Marie-Mai sur mon premier lecteur MP3 cette année-là, je n’ai pas vraiment suivi son parcours. Comme tout le monde, je connais l’air des chansons qui jouaient à la radio ou qui se retrouvaient dans le Top 5 Franco de (feu) MusiquePlus, mais ça s’arrête là. Cependant j’ai beaucoup aimé suivre l’évolution de Marie-Mai dans la dernière année. Elle s’est séparée de la grosse machine qui l’avait créée, mais qui l’empêchait de devenir celle qu’elle avait envie d’être. Elle a pleinement assumé son virage électro pop à l’américaine. Elle a mis les bouchées doubles pour promouvoir son nouvel album sachant qu’un empire essayerait de la faire taire. Et vendredi soir, quand Marie-Mai est montée sur la scène du Centre Bell, j’ai vu devant moi la seule véritable pop star du Québec. Elle est vraiment impressionnante.
Après le show – qui était loin d’être cheapette et qui était même comparable à ceux de certaines vedettes internationales – je me suis questionnée à propos de l’étiquette de chanteuse pour enfants qui a été accolée à Marie-Mai. Son nouveau son et sa nouvelle image rappellent ce que font Taylor Swift ou Katy Perry, par exemple. Les fans de ces chanteuses sont loin d’être seulement des 14 ans et moins. Pourtant, quand il s’agit de Marie-Mai, les plus vieux sont réticents.
Adulte et fan de Marie-Mai, est-ce que c’est possible? Au Québec en tout cas, l’assumer c’est difficile et je ne saurais toujours pas dire pourquoi. Mais cette année, elle tentera de conquérir le reste du pays et j’espère que les Canadiens, ne connaissant pas la Marie-Mai d’avant, apprécieront plus que nous celle de maintenant. Elle le mérite grandement.