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Les Colocs en guerre contre le frère d’André «Dédé» Fortin

André Fortin et les Colocs lors d'un spectacle en 1995. Photo en noir et blanc

André «Dédé» Fortin et les Colocs lors d'un spectacle en France en 1995. À gauche, Michael Sawatsky.

Les Colocs souhaitent poursuivre le frère de leur légendaire chanteur et parolier, André «Dédé» Fortin. Ils lancent une campagne de sociofinancement de 50 000 $ pour financer une contre-attaque, deux mois après qu’ils aient renversé une injonction réclamée par Réal Fortin.

«On veut juste faire de la musique pour nos fans, on veut que ça arrête», explique le tromboniste du groupe Benoit Gagné, en entrevue à Métro.

M. Gagné est aussi producteur et agent des spectacles du groupe de musique depuis 2015. Selon le musicien, M. Fortin harcèle régulièrement les clients du groupe lorsqu’ils se produisent en spectacle.

«À chaque fois qu’on essaie de faire un spectacle, je reçois des appels de mes clients parce que Réal les appelle pour leur dire qu’on n’a pas de licence, qu’on n’a pas le droit d’utiliser le nom Les Colocs. Et il leur envoie des mises en demeure pour dire qu’il va annuler nos spectacles» soutient-il.

Benoit Gagné, producteur et musicien du groupe légendaire Les Colocs.

Débat complexe sur les droits d’auteurs

Réal Fortin a enregistré la marque de commerce Les Colocs à l’office de la propriété intellectuelle du Canada en 2011, plusieurs années après le suicide de son frère. Peu après, le guitariste du groupe Micheal Sawatzky a obtenu une licence pour qu’il puisse faire des spectacles avec le nom Les Colocs, suite à une entente déposée à la Cour Supérieure.

En mars dernier, M. Fortin a déposé une demande d’injonction pour annuler la licence de M. Sawatsky. Il souhaitait empêcher le musicien d’utiliser le nom des Colocs, à moins de négocier une nouvelle entente. Il accusait M. Sawatsky de ne pas avoir respecté les conditions de la licence lors d’une quinzaine d’événements organisés entre 2014 et 2019.

M. Fortin affirme aussi avoir révoqué la licence en 2017. Benoit Gagné et Micheal Sawatzky affirment au contraire que leur licence est encore valide.

Un juge a accordé une injonction provisoire à l’encontre des Colocs en juin dernier. Mais celle-ci a été révoquée quelques semaines plus tard.

Le fond de l’affaire n’a pas encore été entendu.

50 000$ en frais

Les musiciens du groupe emblématique estiment avoir dépensé plus de 50 000 $ en frais judiciaires pour pouvoir continuer à jouer au nom des Colocs et chanter les chansons du groupe. N’arrivant plus à payer les frais judiciaires engendrés par la poursuite, ils demandent à leurs fans de les aider à se défendre contre l’héritier d’André Fortin.

Micheal Sawatzky veut aussi poursuivre Réal Fortin pour qu’il cesse d’avoir une emprise sur le groupe.

«On ne mérite pas ça. Il nous a poursuivis et nous avons gagné. Maintenant, c’est nous qui le poursuivons pour qu’il arrête», martèle-t-il.

M.Sawatzky soutient que tout va mal depuis que Réal Fortin a acheté la marque de commerce du groupe.

«C’est clair qu’il veut tout le contrôle sur les Colocs et qu’il n’a aucune compréhension de l’esprit du groupe», lance-t-il.

«On veut qu’il n’aille plus le droit de nous harceler, qu’il fasse ce qu’il veuille avec le nom des Colocs, on s’en fout, le monde sait c’est qui les Colocs, ce n’est pas Réal Fortin. Qu’il fasse n’importe quoi pour se ramasser de l’argent, on s’en fout.» – Benoit Gagné

La «p’tite Julie» supporte Les Colocs

La nièce d’André «Dédé» Fortin, Julie Fortin, soutient entièrement le groupe. Elle n’est pas d’accord avec la manière dont son oncle Réal Fortin gère l’héritage du chanteur. Selon elle, Réal «a besoin de s’approprier tout ce qu’était André».

«Dans une succession, on a le devoir d’honorer la mémoire d’une personne et je ne crois pas qu’André est représenté dans sa pensée et sa mémoire», renchérit-elle en entrevue au Métro.

Elle ajoute que les Colocs existent encore, à son avis.

Julie Fortin, qui est connue par certains comme la Julie de la chanson «Ma petite Julie», a vu le groupe évoluer au fil des ans. Pour elle, le groupe de musique n’a jamais été juste «Dédé».

«Les Colocs ont toujours été les Colocs, même si certaines personnes du début ne sont plus là», nous confie-t-elle.

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