Le Canada dispose encore des «stratégies nécessaires» pour mettre fin à toute émission de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2050, selon un nouveau rapport publié par la Fondation David Suzuki. L’organisme demande aux partis politiques fédéraux de s’en inspirer pour leurs plans de lutte aux changements climatiques.
Ce document d’une soixantaine de pages établit dix solutions dont les partis devront s’inspirer pour assurer une transition énergétique efficace.
«Ces dix stratégies constituent une référence claire et un test pour tous les plans climatiques des différents partis lors des élections fédérales de 2019», affirme dans un communiqué de presse le directeur de la Fondation David Suzuki pour le Québec, Karel Mayrand.
Depuis l’Accord de Paris sur le climat, le Canada s’est engagé à limiter la hausse de la température globale à moins de 2º C. Pour y parvenir, le rapport propose d’«électrifier presque tout» et d’«accélérer la transition vers l’énergie propre».
«Toutes ces stratégies-là sont inter-reliées, avance M. Mayrand en entrevue à Métro. Si on décide d’en abandonner une – par exemple, la tarification du carbone – tout le reste devient beaucoup plus difficile.»
Des élections environnementales?
Le porte-parole de la Fondation a bon espoir que la question environnementale sera à l’agenda des élections à venir.
«Cette fois-ci on voit vraiment que c’est une préoccupation très grande chez les électeurs, en particulier les plus jeunes. Les formations politiques veulent faire écho à ces préoccupations-là. Ceci dit, il y a des différences importantes dans les niveaux d’ambition entre les partis.» – Karel Mayrand, directeur de la Fondation David Suzuki pour le Québec
Transition électrique
Au Canada, dans l’ensemble, l’option électrique s’avère déjà intéressante, rapporte le nouveau document scientifique.
«Près de 60% de l’électricité canadienne est générée dans des centrales hydroélectriques, tandis que l’énergie éolienne représente près de 2% du total, et cette ressource prend de l’ampleur», constate le rapport.
Des provinces canadiennes, comme l’Alberta et la Saskatchewan, utilisent toutefois principalement le charbon dans leur production d’électricité, ajoute-t-on.
«Les recherches sont concluantes: une plus grande quantité d’électricité propre sera requise pour assurer un avenir à faibles émissions en carbone.» – Rapport «Objectif zéro émission»
Le Canada aurait d’ailleurs avantage à s’orienter à 100% vers l’énergie électrique, plaide la Fondation.
«On a maintenu la politique expansionniste de l’industrie pétrolière au Canada. Donc on a une politique énergétique encore très axée sur le développement de l’énergie fossile», souligne Karel Mayrand.
«Ça fait en sorte que nos cibles deviennent pratiquement impossibles à atteindre», ajoute-t-il.
En 2016, selon le rapport, l’électricité occupait 20% de l’approvisionnement national en énergie. Elle pourrait pourtant devenir «une part croissante de notre économie» grâce au chauffage des maisons et à l’alimentation des véhicules, proposent les experts.
Autres pistes
Au-delà des politiques sur l’électricité et les énergies renouvelables, le rapport de la Fondation appelle le Canada à poursuivre son engagement dans la taxe carbone.
«C’est un système qui envoie un signal de prix dans le marché sans faire mal aux citoyens. On pense que c’est une politique qu’on doit maintenir», soutient M. Mayrand.
D’autres propositions du rapport «Objectif zéro émission»:
- Réviser les investissements gouvernementaux dans les secteurs de l’économie «à fortes émissions de carbone».
- Favoriser le développement des centres urbains canadiens en encourageant le transport en commun et le transport actif.
- Encourager les secteurs de l’aviation, du transport maritime et d’autres transports lourds à utiliser les carburants renouvelables.