L’affaire SNC-Lavalin, qui a mis le premier ministre Justin Trudeau dans l’eau chaude dans les derniers mois, aurait peu d’influence sur l’électorat québécois, révèle un sondage Métro/Forum Research rendu public mardi.
Plus de la moitié (57%) des 1219 électeurs Québécois rejoints durant ce coup de sonde estiment qu’il n’est «pas très ou pas du tout probable que le rapport du commissionnaire [à l’éthique Mario Dion] ait un effet sur leur intention de vote».
Il y a près d’un mois, le commissaire Dion a rendu un nouveau rapport, condamnant les agissements du premier ministre dans ce dossier qui s’étire depuis l’hiver dernier.
Toujours selon ce sondage, 4 personnes sur 10 affirment «qu’il n’est pas du tout probable que ce rapport ait un effet». En contrepartie, près d’un quart (23%) soutient que le document de M. Dion aura «très probablement» un effet sur leurs intentions de vote.
«Les Québécois ont porté attention au rapport du commissaire sur SNC-Lavalin. Ils déclarent qu’ils le connaissaient mieux que jamais», souligne le directeur général de la division Est de Forum Research, Luc Dumont.
«Il semble que la question de SNC renforce le soutien existant plutôt que de déplacer les votes vers d’autres partis.» – Luc Dumont, directeur général de la division Est de Forum Research
Peu d’influence?
La politologue Stéphanie Chouinard, professeure en science politique à l’Université Queen’s, affirme pour sa part que le rapport du commissaire à l’éthique n’a jamais vraiment eu d’incidence sur les tendances électorales.
«Tout de suite après le dépôt du rapport de M. Dion, les attitudes des Canadiens vis-à-vis des libéraux étaient restées assez stables, se remémore-t-elle, faisant allusion à d’autres sondages. L’affaire SNC-Lavalin a eu des effets sur les intentions de votes envers les libéraux, mais le rapport n’a pas fait bouger les chiffres.»
«L’électorat canadien s’était déjà fait une tête à ce moment-là», poursuit-elle.
La politologue poursuit en proposant que l’électorat voudra «entendre parler d’autre chose» au cours de la campagne électorale.
«À part rappeler cette histoire, je ne pense pas que les partis d’oppositions vont pouvoir en faire beaucoup plus durant la campagne.» – Stéphanie Chouinard, professeure en science politique à l’Université Queen’s
Des chances pour le Bloc?
Selon le sondage Métro-Forum research, un tiers (32%) de l’électorat québécois se disant «probablement» influencé par le document de M. Dion prévoit voter pour le Parti conservateur du Canada (PCC).
Un cinquième (20%) de cette portion de l’échantillon penche plutôt vers le Bloc québécois.
«Entre l’affaire SNC-Lavalin et la déconfiture du Nouveau parti démocrate (NPD), ça pourrait être de bonne augure pour le Bloc», suggère Stéphanie Chouinard.
L’affaire en quelques mots
L’affaire SNC-Lavalin suit son cours depuis 2015, mais ne s’est emballé qu’en février, quand l’ex-procureure générale Jody Wilson-Raybould a accusé le cabinet de M. Trudeau d’avoir «tenté de faire pression» sur elle. Selon elle, ces actes visaient à mettre fin aux accusations pour fraude qui visent la firme d’ingénierie.
Mme Wilson-Raybould a depuis quitté le Parti libéral du Canada (PLC), mais elle se présente comme candidate indépendante aux élections prochaines. Le témoignage de l’ex-ministre de la Justice devant la Chambre des communes en février a également emporté le bras droit du premier ministre Trudeau, Gerald Butts.