Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a condamné jeudi la «course à l’épouvantail de mauvais goût» que se livrent principalement Justin Trudeau et Andrew Scheer sur le dos de sa formation depuis quelques jours.
«Les conservateurs disent qu’on pourrait être responsables de l’élection des libéraux, et vice-versa. Moi, je rejette ça entièrement, a-t-il expliqué en entrevue à Métro jeudi. Que les gens votent pour leurs valeurs, pour ce qu’ils veulent et pour qui ils ont confiance.»
En réalité, l’attitude des autres partis à l’égard du Bloc ne sert personne, surtout à quelques jours du scrutin, croit l’ancien ministre péquiste.
«Ça a complètement fait disparaître la campagne d’idées, qui d’ailleurs n’a jamais été très intense, insiste-t-il. Nous, on va continuer de faire des propositions. Sinon, c’est une succession de menaces, de bouquets de fleurs fanées et d’attaques vicieuses.»
Force est d’admettre que la formation bloquiste a le vent dans les voiles au Québec, récoltant à peine 2% de moins que les libéraux de Justin Trudeau, selon un récent sondage Métro-Forum Research. Ce qui rend le premier ministre sortant très tendu, d’après Yves-François Blanchet.
«Quand un premier ministre du Canada se sent suffisamment dans le trouble pour appeler son vieux chum Barack Obama et demander de l’aide, ça sent l’inquiétude.» -Yves-François Blanchet, chef du Bloc
Il condamne qu’Ottawa n’ait aucun mal à ne pas s’ingérer dans le dossier des prisonniers catalans en Espagne, mais permette à un ancien président américain de le faire dans sa propre arène politique. «C’est très préoccupant», insiste le bloquiste.
Du logement au Québec, plaide le Bloc québécois
Jeudi, avec son candidat dans Hochelaga Simon Marchand, le chef bloquiste était à Montréal pour demander un «réinvestissement massif» en logement social au Québec.
À l’instar du NPD de Jagmeet Singh, le Bloc entend exiger à Ottawa le transfert «sans conditions» des sommes dédiées au gouvernement du Québec. C’est précisément ce qu’avait réclamé l’Assemblée nationale de manière unanime, dans une motion adoptée en octobre.
«Ça doit se faire dans le respect de nos juridictions. Moi, je suis exaspéré de cette attitude du fédéral de vouloir gérer à notre place, soutient-il. Ça crée des délais, des coûts et une lourdeur administrative pour le milieu communautaire.»
Appelée à réagir, la porte-parole du Front d’action en populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, apporte certaines nuances.
«C’est sûr qu’on est d’accord pour que le Québec soit maître-d’œuvre. Depuis le retrait du fédéral en 1994 du financement du logement social, l’argent d’Ottawa sert surtout à financer des programmes québécois comme Accès Logis.» -Véronique Laflamme, du FRAPRU
Or, avec le Stratégie nationale sur le logement (SNL), arrivent plusieurs initiatives fédérales sur le logement, dit Mme Laflamme. Elle estime que les montants attachés à ces projets seraient «plus efficacement utilisés» au Québec.
Chose certaine: le FRAPRU prévient que ces mouvements administratifs ne doivent pas pour autant dispenser Québec d’augmenter ses propres investissements. «Ce serait contre-productif», note Mme Laflamme.
À ce sujet, le Bloc québécois promet aussi de forcer la main à Ottawa pour un réinvestissement «progressif» en logement social qui atteindrait jusqu’à 1% des revenus annuels du gouvernement. Cela équivaut à environ 3 G$.
Environ 457 000 ménages locataires québécois consacrent plus de 30% de leurs revenus au logement. De ce nombre, près de 200 000 d’entre eux y réserveraient même plus de la moitié.