Vous jure. J’ai tenté avec bonne foi de dénicher le positif de l’année s’achevant.
Grosse et décevante job.
Parce que le bilan, comme les faits, ne peut mentir.
D’aucuns rétorqueront que tout n’est pas si noir, que divers événements ont de quoi redonner espoir, et blablablibloblu.
Vrai, bien entendu, que la morosité n’a pas remporté le match 2019 par voie de blanchissage.
Que quelques trucs, non insignifiants, ont pu ajouter du bonheur aux lèvres des plus pessimistes, dont je suis manifestement.
On pense à la décision de la Cour supérieure visant à élargir le cadre de la Loi sur l’aide médicale à mourir.
Flash aussi pour la Nouvelle-Zélande et pour sa super leader, prête à donner des coups de pied dans l’ordre établi afin de protéger environnement et justice sociale.
Chapeau bas également à la Finlande, qui sera maintenant gouvernée par un contingent de jeunes femmes prêtes à imiter le modèle néo-zélandais.
À part ça?
La fantastique Greta Thunberg, bravant toutes les tempêtes (au propre et au figuré), les (écœurantes) insultes sur son physique et son autisme léger, les insinuations gratuites sur la corruption ou autre manipulation métaphysique, le tout afin de faire avancer une cause qui devrait pourtant être incontournable: celle de faire connaître le consensus scientifique sur l’urgence climatique.
Ainsi, et malgré les efforts quasi surhumains de l’égérie, force est de constater le surplace.
Les « travaux » et les conférences de la COP25 le confirment: le politique fait du surplace; pire encore, il régresse.
Or, seul un coup de barre magistral pourrait renverser cette tendance nous envoyant directement à l’abîme, particulièrement depuis l’élection d’un Bolsonaro encourageant ses agriculteurs à mettre le feu à l’Amazonie, poumon de la Terre.
La réaction de la communauté internationale? Zzzzzzzzz.
Faut dire qu’elle se voulait occupée, en plein jour, à calculer les émissions de GES du voilier emprunté par Greta…
Autres nouvelles fraîches: en matière de performance verte, le Canada se glisse au… 55e rang sur 61, très loin derrière la Chine et l’Inde.
Rien d’étonnant lorsqu’on pense à une CAQ dont le programme est exempt du mot «environnement», à un gouvernement Trudeau qui achète avec l’argent des contribuables un bon vieux pipeline et à une Alberta qui explose la face de l’Occident à grands coups de sables bitumineux.
Au moins, c’est notre pétrole, de clamer nos grands nationalistes. Halte-là, halte-là, halte-là, les Canadiens sont là… L’humanité a de la chance.
Sinon, sur le plan de l’État de droit, la situation est tout aussi, si telle chose est possible, catastrophique. Passons le bilan trumpiste, qui se passe de présentation, et rappelons brièvement les situations actuelles en Bolivie, en Colombie, au Brésil, au Chili, à Hong Kong, en Turquie, en Hongrie, en Autriche, en Syrie, à Gaza, etc.
Passons le bilan trumpiste, qui se passe de présentation.
Pensée spéciale pour le million d’Ouïghours enfermés dans des camps de rééducation, en Chine, pour délit de religion.
Félicitations aux tribunaux d’États européens, notamment la France (!), ayant invalidé l’odieux «délit de solidarité» qui vise à criminaliser tout acte de générosité envers les réfugiés. Leur donner des vêtements et du thé chaud, par exemple.
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Bilan
Morale de l’histoire? Je veux bien, à titre de privilégié, passer outre l’ensemble de ces bêtises et autres indicibles injustices se déroulant actuellement sous nos yeux. Mais y a rien à faire, me sens un brin comme le cancéreux à qui il reste quelques mois à vivre, et qui fait comme si de rien n’était, s’anesthésiant avec une joie de vivre factice.
Le mot de la fin à Camus, dont les phrases prononcées à l’occasion de l’obtention de son prix Nobel prennent aujourd’hui, peut-être plus encore qu’à l’époque, tout leur sens: « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »
Pas mal ça. Autrement, joyeuses fêtes à tous et à toutes!