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Quand il s’agit de diversité, la pornographie est à l’avant-garde

Bree Mills entourée d'actrices

La directrice artistique Bree Mills est convaincue que la pornographie peut véhiculer de fortes valeurs sociales.

En matière de représentation de la diversité, la pornographie est bien plus progressive et inclusive que l’on pourrait croire. Personnes racisées, personnes trans, corps divers et variés, féminisme: l’industrie du divertissement pour adultes a complètement changé pour mieux refléter la société dans laquelle on vit. 

Bree Mills est la directrice artistique de l’un des plus grands studios internationaux de pornographie, Gamma Entertainment, établi à Montréal. 

L’entreprise possède Adult Time, un genre de Netflix de la pornographie, comptant plus de 100 000 abonnés qui payent chaque mois pour du contenu. 

Pour elle, une chose est certaine: l’industrie pornographique a l’opportunité de toucher des millions de gens à travers son contenu. Ce qui, d’une certaine façon, vient avec une forme de responsabilité, explique-t-elle à Métro

«J’ai compris que je pouvais utiliser la pornographie pour parler de sujets importants ou montrer différents types de personnes de manière sexuellement positive», raconte Bree Mills.  

Selon elle, l’industrie peut même utiliser sa position privilégiée pour parler de problématiques liées à la sexualité d’une manière dont la société contemporaine refuse de s’adresser.

«On peut dire aux gens: c’est ok d’être vous-mêmes, c’est ok d’avoir des fantasmes différents, c’est ok d’avoir un corps différent. Et ainsi véritablement changer la façon dont ils perçoivent leur corps et la sexualité.»  -Bree Mills, directrice artistique

Les créateurs maintenant plus conscients

Pour Éric Falardeau, qui fait actuellement une thèse sur la pornographie, ce qui se passe dans l’industrie reflète tout simplement ce qui se passe dans la société. 

«Mais peut-être un petit peu à l’avance, poursuit celui qui a réalisé un épisode de la série pornographique The Thing From The Lake, car l’industrie est immensément scrutée. Les gens doivent faire attention à ce qu’ils font.»

Si, selon lui, on ne peut pas parler «de soudaine explosion de diversité», les créateurs sont maintenant plus conscients du contexte dans lequel les problématiques liées à la représentation de la diversité s’inscrivent. 

«La pornographie n’évolue pas en vase clos de la société, donc naturellement les créateurs doivent avoir une position éthique claire sur ce qu’ils font et comment ils le font. Il faut regarder l’intention derrière.» – Éric Falardeau, réalisateur

Comme il l’explique à Métro, c’est la nouvelle génération qui a changé la donne et les façons de faire. 

«Ces jeunes arrivent avec tout un bagage culturel et une sensibilité qui est différente, dit-il. Ils veulent pouvoir s’adresser à des gens qui sont comme eux, comme le public féminin par exemple.» 

Faire mieux, créer du positif

Selon Bree Mills, il est clair que la pornographie peut apporter quelque chose de positif dans la société. 

«Je crois qu’en tant que femme, qu’être humain, et que mère de deux petites filles qui vont grandir dans cette société, on se doit de faire mieux, dit-elle. Ce changement positif, s’il ne vient pas de la société, peut avoir lieu à l’intérieur même de la communauté pornographique.» 

Même son de cloche du côté d’Éric Falardeau. Pour lui, la pornographie peut avoir des valeurs sociales importantes, ouvrir les mentalités et changer la société. 

«La pornographie peut être très positive et libératrice pour les gens qui n’ont pas la chance de se voir dans des contextes de désir ou de sexualité, ou encore qui n’arrivent pas à se trouver ou à se créer une communauté.» – Éric Falardeau, réalisateur

Les plateaux de tournage, des «safe space»

Finalement, si cette approche novatrice se traduit en matière de contenus, elle influence aussi la façon de présenter et de traiter les acteurs et actrices sur les tournages. 

«Il est important de s’assurer que leurs fans puissent aussi commencer à reconnaître à quel point [les comédien(ne)s] sont talentueux et pas seulement en raison de leur allure, affirme-t-elle, mais de qui ils sont en tant que personnes, ce qu’ils aiment, ce qu’ils croient.» 

Selon la réalisatrice, à partir du moment où l’on commence à voir les acteurs de façon plus humaine, on peut changer son approche. 

«Ils ne sont pas que des objets à admirer ou sur lesquels se masturber. Ils ont tellement de choses à raconter! Et le réaliser m’a amenée à collaborer avec eux dans l’écriture d’histoires qu’ils voudraient voir vivre à l’écran.» – Bree Mills, directrice artistique

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