Avez-vous déjà entendu parler du projet ONET? C’était dans le cadre de l’Année Internationale de la Jeunesse, en 1985. Son promoteur, un dénommé Yves Blanchette (non, pas le ministre, un autre…), avait eu l’idée de solliciter le concours de 100 000 jeunes qui devaient s’activer dans la dernière semaine de juillet pour nettoyer les deux berges du fleuve Saint-Laurent, de Cornwall à Gaspé sur la rive sud, et de Cornwall à Havre-Saint-Pierre du côté nord. L’opération, qui devait se conclure avec un immense feu de joie «visible de la Lune» pour en jeter au reste de la galaxie, avait lamentablement fait patate et n’avait finalement jamais eu lieu. Pas que l’idée n’était pas belle, oh que non, elle était même géniale. Sauf qu’elle n’a jamais dépassé le stade de la vue de l’esprit et qu’elle aurait dû rester là où on l’avait pondue : probablement autour d’une couple de bières un vendredi soir.
Quand j’ai entendu François Legault, le fantomatique chef de la CAQ, parler de la vallée de l’innovation et d’une grande corvée nationale pour décontaminer les rives du Saint-Laurent pour favoriser l’implantation de grandes entreprises, j’ai cru qu’on remâchait le projet inachevé et non réfléchi ONET 85. Encore une fois, l’idée est plus qu’émouvante. On ramasse la schnoutte sur le bord de l’eau, on se redonne l’accès au fleuve, on incite les grosses compagnies à venir et, bang, elles viennent nous livrer sans plus de préambule une Silicon Valley bien à nous. C’est faitte, c’est faitte, on n’en parle pu. Emmenez-en des projets! Next!
Y aurait-il moyen, pour une fois, d’avoir un projet concret et s-t-r-u-c-t-u-r-é, appuyé par des études sérieuses et avec des objectifs précis et r-é-a-l-i-s-t-e-s? Ben non, on nous sert encore une patente flasheuse qui, pour le moment, n’engage strictement à rien. Juste de se fermer les yeux pour voir apparaître de belles images. Le recours au bla-bla est une bien vilaine manie. Ne nous demandons plus pourquoi le niveau d’estime pour les politiciens est si bas…
Entre un Legault-le-supposé-pragmatique qui se transforme en apôtre de la pensée magique au Québec et un Justin Trudeau qui nous saoule avec ses envolées politico-poétiques dignes du barde Assurancetourix au fédéral, il y a bien peu d’espoir pour ceux et celles qui osent rêver d’une alternative aux gouvernements présentement au pouvoir. On a le droit de se plaindre…
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J’ai littéralement pété ma coche en écoutant les propos de Raymond Boulanger à Tout le monde en parle dimanche soir. Moi, un pilote d’avion qui s’est fait pincer à livrer 4 000 kilos de coke qui vient me servir des leçons d’éthique en fait de consommation de drogue, vous savez… Et qui, comme si ça ne suffisait pas, demande une commutation de sa sentence alors qu’il avouait, en fin d’entrevue, avoir réussi des coups encore plus gros pour lesquels il est demeuré impuni… Deux choses : soit cet insupportable kid-kodak est complètement à côté de ses pompes, soit il est fortement intoxiqué à la mythomanie. On lui laisse le choix.
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Les avocats de Luka Rocco Magnotta réclament plus d’argent pour réaliser des expertises psychiatriques plus approfondies sur leur client. Personnellement, je serais prêt à autoriser une dépense additionnelle de 29,99 $ pour couvrir les coûts d’achat d’un lecteur DVD. Ensuite, on demande au jury de regarder le meurtre, on juge le fou et on le sacre en dedans pour de bon.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.