Pour la première fois depuis 1984, le chef de l’Église catholique s’est rendu au Québec. Mercredi, il a présenté ses excuses aux Premières Nations pour les pensionnats autochtones implantés au Québec. Leurs représentants n’ont toutefois pas manqué l’occasion de rappeler que d’autres efforts pour la réconciliation devront être déployés.
Plusieurs membres des Premières Nations étaient sur place, dont les marcheurs de Mashteuiatsh. Ce groupe composé de dizaines de marcheurs a parcouru les 275 kilomètres séparant le pensionnat de Pointe-Bleue, à Mashteuiatsh, des plaines d’Abraham. Ce parcours leur aura pris une semaine.
Parmi eux se trouvait Stanley Vollant, fondateur de l’organisme Puamun Meshkenu. Le chirurgien n’a pu parcourir l’entièreté du trajet en raison de ses responsabilités professionnelles. «C’est un long chemin de guérison», a-t-il déclaré à la foule présente sur la scène des plaines d’Abraham. «On a besoin de marcher main dans la main avec vous. J’espère qu’un jour, tous nos enfants, peu importe leur langage, peu importe leur couleur de peau, peu importe leur culture, auront le pouvoir de développer leurs rêves.»
Je suis content que le Saint-Père vienne ici. C’est un symbole fort qu’il veut réellement le pardon de nos pères.
Stanley Vollant, fondateur de l’organisme Puamun Meshkenu
Pour sa part, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, a rappelé que l’Église catholique présentait ses excuses 30 ans après celles de l’Église anglicane. «C’est une bonne occasion d’essayer de tourner la page, estime-t-il. Mais je ne veux pas sous-estimer les valeurs des survivants et survivantes. Ils sont les seuls à pouvoir estimer la valeur des excuses du pape.»
Lors de l’évènement, des «travailleurs en soutien mental» étaient présents sur place afin d’aider les membres des Premières Nations.
Excuses réitérées, mais la réconciliation n’est pas terminée
Le pape François est arrivé à Québec vers 15h. Le premier ministre du Québec, François Legault, l’a accueilli sur place. Le cortège papal a ensuite pris la direction de la Citadelle de Québec, où s’est tenue une cérémonie d’accueil avec les membres des Premières Nations. Puis, le pape a pris la parole.
«Le système des pensionnats a vu tant de peuples autochtones dévaloriser leur langue et leur culture», a-t-il rappelé lors d’une allocution d’une vingtaine de minutes en espagnol. Dans ce système qui a séparé tant d’enfants de leurs familles, les institutions catholiques locales ont été impliquées. Pour cela, j’exprime ma honte et ma douleur.»
Je réitère ma demande de pardon pour le mal commis par tant de chrétiens aux peuples autochtones.
Le pape François
Avant la prise de parole du pape, le premier ministre Justin Trudeau a rappelé que malgré ses excuses, la réconciliation n’était pas complétée. «Continuons notre travail ensemble pour conserver l’espoir d’une réconciliation, a-t-il demandé. C’est notre responsabilité.»
Après la cérémonie, le pape François a parcouru la Grande Allée de Québec jusqu’aux plaines d’Abraham devant plusieurs milliers d’admirateurs.