Même si le nombre de travailleurs connaît un sommet au Québec et au Canada, le nombre de postes vacants n’a jamais été aussi élevé au pays, et c’est au Québec que la crise est la plus aiguë. C’est ce que dévoile Statistique Canada dans une étude pour le deuxième trimestre de l’année 2022.
À l’échelle canadienne, le nombre d’emplois à pourvoir atteint un sommet, avec 997 000. Parallèlement, le taux de postes vacants grimpe à 5,7%. Depuis le début de 2020, la croissance du nombre d’offres d’emploi surpasse le nombre d’employés.
On compte 248 100 postes vacants au Québec. Il s’agit d’une augmentation de 2,4% par rapport au premier trimestre. L’Ontario constitue la seule province canadienne avec plus d’emplois non pourvus (379 700). Mais par rapport à sa population, le Québec maintient un taux plus élevé de postes vacants, proportionnellement.
«C’est notre nouvelle réalité, comment le vice-président de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), François Vincent. On est en train d’épuiser les entrepreneurs, les dirigeants d’entreprises qui doivent eux-mêmes travailler de longues heures».
Dans la province, on trouve en moyenne 0,8 chômeur pour chaque emploi disponible. Il s’agit du ratio le plus faible au pays. Ce qui «indique un marché du travail plus tendu et de possibles pénuries de main-d’œuvre», selon Statistique Canada.
Enjeu électoral
Plus du trois quarts des entrepreneurs considèrent que les partis politiques doivent proposer des solutions à la pénurie de main-d’œuvre lors des élections provinciales, selon le FCEI. Près de 60% des petites et moyennes entreprises (PME) demandent une diminution des taxes et impôts qui leur sont imposés. Bonifier le crédit d’impôt (49%), aider les entreprises à trouver des candidats dans leur région (33%) et réduire les délais de traitements pour l’embauche des employés immigrants (32%) est d’autres priorités soulevées.
«La campagne électorale, c’est comme une partie de baseball: ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini. Les partis auraient avantage à prendre des engagements pour la pénurie de main-d’œuvre d’ici les élections: c’est l’enjeu de l’heure», assure M. Vincent.
Secteurs durement touchés
Plus les mois passent, plus les services d’hébergement et de restauration sont ébranlés par ce manque de main-d’œuvre. Au Canada, les postes vacants dans ce secteur ont grimpé de 12,7% au dernier trimestre, pour atteindre 149 600. Les individus recherchant des emplois dans ce domaine sont de plus en plus rares depuis 2020.
Les services professionnels, scientifiques et techniques s’avèrent aussi particulièrement affectés par le marché de l’emploi. Près de 11 000 postes sont à pourvoir dans ce domaine. Les pénuries d’employés dans le système de santé, de même que dans les services sociaux, largement documentées, demeurent constantes. À l’échelle canadienne, 136 100 postes sont à pourvoir, une hausse minime par rapport au trimestre précédent.
Malgré le contexte actuel, la moyenne des salaires a baissé de 0,35 $ au Québec lors du dernier trimestre. Cette moyenne se chiffre désormais à 22,80 $ de l’heure. Dans l’ensemble du Canada, le salaire moyen est plus élevé, se situant à 24,05 $.
Au pays, 82% des entreprises disent avoir augmenté leurs salaires pour vaincre la pénurie de main-d’œuvre, selon la FCEI.