Si plusieurs sont sortis étourdis de la pluie torrentielle de chiffres qui s’est abattue sur le Québec à la suite du dépôt du budget provincial 2023-2024 mardi dernier, le ministre Drainville ne semble pas non plus avoir été épargné.
Lorsqu’on lui a demandé si l’attribution du soutien financier annuel de 300$ pour diminuer les frais d’accès à des projets pédagogiques particuliers vise aussi les jeunes fréquentant l’école privée, le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a répondu par la négative, avant de se raviser quelques secondes plus tard.
«Est-ce que le 300$ s’applique aussi pour aider les parents qui envoient leurs enfants dans des programmes particuliers dans les écoles privées?», s’est interrogée la porte-parole solidaire en matière d’éducation, Ruba Ghazal, lors de la séance de l’Assemblée nationale du 22 mars.
«Non. Ça s’applique aux écoles publiques», a répondu le ministre Drainville, paraissant toutefois avoir été pris de court par la question.
Comme lui a fait remarquer la députée solidaire, cette affirmation contredit pourtant les règles budgétaires de son propre gouvernement concernant les établissements d’enseignements privés subventionnés pour l’année scolaire 2022-2023. Dans ce document, il est possible d’y lire que l’allocation – qui était alors de 200$ – vise aussi les élèves inscrits dans un programme Sports-études ou un projet pédagogique particulier au secondaire d’une école privée.
«Correction, correction, s’est repris M. Drainville. Ça s’applique également aux écoles privées, mais seulement pour le sport-études. Tout ce qui n’est pas sport-études, donc, par exemple, arts-études, musique, danse, technologie, robotique, entrepreneuriat, tous ces autres programmes, les élèves des écoles privées n’ont pas droit aux […] 300$.»
Talonné à savoir si l’application large de ce soutien financier à des jeunes provenant de classes sociales plus nanties ne ferait qu’alimenter un système scolaire à trois vitesses, le ministre de l’Éducation s’est défendu en réitérant son objectif d’accroître l’accès aux projets particuliers à l’ensemble des élèves du secondaire public, particulièrement ceux qui ont des besoins particulier, soit «le tiers de la clientèle».
Il insiste sur le fait que cet accès dépend cependant de la volonté des conseils d’établissements scolaires publics à faire les démarches nécessaires auprès du ministère pour se pouvoir de projets pédagogiques particuliers. «Dans le budget, il y a des sous pour aider les écoles qui voudront se doter d’un projet particulier», a fait valoir le ministre de l’Éducation.
«Assez aberrant»
La porte-parole libérale en matière d’éducation et d’enseignement supérieur et députée de Saint-Laurent Marwah Rizqy s’est elle aussi jetée dans la mêlée, déclarant qu’il était «aberrant de donner de l’argent pour les projets pédagogiques même aux écoles privées».
Des sommes de 12 211$ pour faire du ski alpin ou de 5000$ pour pratiquer le hockey – des coûts de programmes sports-études d’écoles publiques tirés d’une étude de l’Université Laval – montrent selon la députée le fardeau trop lourd à porter pour certaines familles à plus faibles revenus du Québec. «Le 300$, sur une facture de 5000$, pour une famille à plus faible revenu, ça ne changera rien», s’est indignée Mme Rizqy.
Selon M. Drainville, cette dernière confond les programmes de «sport-études accrédités par des fédérations sportives, qui sont essentiellement des programmes réservés à l’élite et qui, de façon générale, coûtent effectivement beaucoup plus cher, et des concentrations ou des profils particuliers qui peuvent être de sports ou d’arts. […] Dans la majorité de ces programmes, les projets particuliers coûtent quelques centaines de dollars», a-t-il conclu.