C’est sans surprise que Denis Coderre a été élu Maire de Montréal dimanche. C’était écrit dans le ciel, dans le fleuve et même dans les nids-de-poule que c’était lui et personne d’autre qui allait s’installer dans la grosse chaise au soir du 3 novembre. S’en tire-t-il avec les sains honneurs de la victoire pour autant? Oui et non. Ça aussi c’était prévisible.
Oui, puisqu’une majorité d’électeurs en a décidé ainsi. Quoi qu’on en pense, quoi qu’on en dise, le peuple a fait son choix. Même s’il vous est virtuellement impossible ce matin de trouver qui que ce soit qui admettra avoir voté pour lui. Pas grave, c’est arrivé dans le passé avec Pierre Bourque et Gérald Tremblay qui ont pourtant été maires de Montréal pendant respectivement 7 et 10 ans. Jamais au grand jamais, je n’ai rencontré le moindre humain qui m’a avoué avoir voté pour eux.
Pas un maudit en près de 20 ans! Ça devait être à cause des anges j’imagine. On sous-estime toujours trop l’importance du vote des anges…
À l’opposé, la victoire de Coderre n’en sera pas nécessairement une parce qu’une majorité des mairies d’arrondissement (11 sur 19) lui a glissé entre les doigts. Quand on connaît l’omnipuissance de ces maires – on ne manque pas de saluer Luc Ferrandez au passage –, on devine que le premier magistrat risque de tomber deuxième une fois de temps en temps, sûrement trop souvent à son goût. Ainsi vont les choses dans la réalité de cette ville agglomérée…
Le nouveau Maire a beau souhaiter qu’une saine synergie vienne souder les élus des différentes équipes pour remettre Montréal sur ses rails, sa condition de minoritaire au conseil municipal le placera devant un interminable carrousel d’empêchements qui ne permettra pas à la ville de connaître son épanouissement. Pas dans l’immédiat en tout cas. Le présent mandat en sera un de reconstruction, de «patchage» et de grand ménage, n’en déplaise à ceux et celles qui désiraient vivre le grand bouleversement ici et maintenant. Chose rassurante toutefois, avec la grosse loupe qui surplombera le travail de tout un chacun à l’Hôtel de Ville, on devrait disposer d’une «paix collusionnaire» pour les quatre prochaines années minimum. Ça sera très bienvenu en attendant.
En attendant quoi? En attendant le vrai scrutin du changement. Celui de 2017. C’est le temps que ça prendra pour que des énergies nouvelles se manifestent en masse.
Coderre ne sera pas le premier maire de la nouvelle vague. Il sera le dernier des temps anciens.
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Le cœur me lève quand j’écoute le témoignage – et surtout les enregistrements téléphoniques – de Jocelyn Dupuis (ex-directeur général de la FTQ-Construction) à la commission Charbonneau. Je suis surtout plein de sympathie pour les membres de ce syndicat qui ont été ni plus ni moins que des pions sur l’échiquier de ce sinistre individu. Ce dernier ne pourra jamais assez s’excuser pour ce qu’il a fait au mouvement syndical. Dégoûtant.
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Parlant de la FTQ, à moins d’un mois du congrès de la centrale, le président Michel Arsenault vient de décider de ne pas solliciter un autre mandat. Tu parles d’un adon, toi? On lui suggère de ne pas mettre ses vieux agendas aux poubelles tout de suite, on ne sait jamais, ça pourrait toujours servir. Et, si ça se peut, on lui demanderait de s’abstenir de faire des blagues comme il l’a fait hier à propos de ses futures promenades en bateau, une subtile référence à sa présence sur le yacht de Tony Accurso. Y a vraiment pas de quoi rire avec ça…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.