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Partir, rester ou revenir…

Mary (prénom fictif) est une connaissance à moi. Anglophone dans la soixantaine, elle comprend plutôt bien le français, mais ne le parle pas vraiment. «Trop gênée», qu’elle répond quand on la questionne à ce sujet.  Mary a toujours vécu ici, dans la région de Montréal.

L’autre jour, à l’aube d’un autre rendez-vous électoral provincial, Mary m’a informé de son projet de quitter le Québec pour de bon s’il fallait que «that damned Parti québécois wins the contest». Elle n’est pas la seule à entretenir le fantasme de la fuite. La semaine dernière, on a appris que 51 % des anglos d’ici ont, à un moment ou à un autre, pensé faire la même maudite affaire au cours de la dernière année. Et pas juste à cause du PQ.

Un peu surpris – le spectre de la souveraineté n’étant quand même pas très présent ces jours-ci – je lui ai demandé pourquoi elle voulait subitement aller fouler l’herbe du voisin pour toujours. «Parce que nos maisons vont perdre de la valeur. Et aussi parce qu’on n’arrête pas de nous enlever des droits!» Ah bon… Remarquez que, moi aussi, j’ai pensé fuir le Québec récemment, mais ça avait surtout à voir avec cet hiver particulièrement pénible et frette. Pour le reste, non. Son histoire de maison, si vous voulez mon avis, ne tient évidemment pas debout une seconde. Rappelons-nous qu’en 1976, l’année où le méchant PQ a hérité du pouvoir, un bungalow se vendait 25 000 $ environ, alors… C’est plutôt sa perte de droits qui me titillait. Sa réponse fut pour le moins évasive. Une question d’affichage, de panneaux unilingues, d’école…  Du vieux stock. Et surtout, rien de bien précis. Bien sûr, Mary ne partira pas. Ni cette fois-ci ni jamais. Comme la plupart des «tannés» du moment. Mais l’inconfort, lui, est là. Clairement et encore là. Malgré toutes ces années de cohabitation qui furent, me semble, relativement paisibles.

Je me demande ce que ça va prendre pour, qu’un jour, tout ce beau monde puisse se sentir pleinement satisfait par ce qui nous est offert.  À tous. Et le prochain qui m’arrive avec une histoire de fuite de capitaux et de déménagement de sièges sociaux, je lui paie un billet d’autobus aller simple pour Toronto. Y’a Rob Ford là-bas qui vous attend à bras ouverts au comptoir du snack-bar…

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Quelques artistes de la chanson d’ici ont annoncé récemment qu’ils ne sortiraient plus d’albums vu la nouvelle réalité du marché musical. Dorénavant, ils préféreront y aller à la pièce, ce qui n’est peut-être pas une si mauvaise idée considérant que, dans la grande majorité des cas, il n’y a qu’une ou deux bonnes chansons par boîtier et que le restant est constitué de remplissage qui n’est habituellement d’aucun intérêt.

À l’autre extrémité de cet argumentaire arrive Serge Fiori avec son nouvel album, son premier depuis des lunes et plusieurs soleils. Lui, qui aurait pu emboîter le pas, a décidé d’y aller avec la totale. En débarquant avec un album «complet» dans le plus beau sens du terme. Les fans vont adorer. Les nouveaux vont faire une belle découverte. Et pourront, s’ils le croisent dans la rue, féliciter Marc Pérusse pour son superbe travail de réalisateur.

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Le Dr Gaétan Barrette, qui a dix mille fois taillé en petites pièces la performance de Philippe Couillard et Yves Bolduc à la Santé, a décidé de se présenter avec ses anciens ennemis mortels pour le compte de l’équipe libérale aux prochaines élections. Celui-là, dès qu’il s’approche de la politique active, il n’en finit plus de m’étonner. Pas nécessairement pour le mieux…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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