TORONTO – Le gouvernement fédéral prépare un règlement pour interdire l’utilisation de microbilles de plastique dans les produits de soins personnels. Ces particules de polymère de synthèse sont utilisées notamment dans les produits cosmétiques, les lotions pour la peau, les dentifrices et les shampooings.
Environnement Canada a précisé jeudi dans un communiqué qu’un examen scientifique approfondi, incluant l’analyse de plus de 130 documents scientifiques et la consultation d’experts, a révélé que la présence de microbilles dans l’environnement pouvait avoir des effets à long terme sur la diversité biologique et les écosystèmes. Celles-ci se retrouvent dans l’environnement lorsque les produits qui en contiennent sont évacués par les conduits de drainage des eaux usées ménagères.
La ministre du Travail et ministre de la Condition féminine Kellie Leitch a déclaré que le gouvernement prévoyait ajouter les microbilles à la Liste des substances toxiques de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.
Ottawa entend également élaborer un règlement qui interdirait la fabrication, l’importation, la vente et la mise en vente de produits de soins personnels contenant des microbilles destinés à l’exfoliation ou au nettoyage, selon le communiqué.
Le Nouveau parti démocratique (NPD) avait déposé une motion en ce sens en mars dernier. La porte-parole néo-démocrate en matière d’environnement, Megan Leslie, avait alors cité une recherche de l’Université McGill qui démontrait la présence d’un nombre alarmant de microbilles dans le fleuve Saint-Laurent.
Des études ont également estimé que les microbilles représentaient jusqu’à 20 pour cent de la pollution plastique dans les Grands Lacs, où elles se retrouvent en grande concentration, particulièrement en aval des centres urbains.
Les microbilles peuvent absorber des polluants dangereux déjà présents dans l’environnement marin. Quand elles sont avalées par des poissons, des oiseaux ou d’autres animaux, ces polluants en contaminent la chair, qui est parfois consommée par les humains.
«On le dit depuis longtemps, la meilleure façon de traiter le problème de la pollution, c’est la prévention, a déclaré jeudi Megan Leslie dans un communiqué. Il était grand temps de poser des gestes concrets pour protéger les lacs et rivières de cette pollution.»
L’organisme canadien de protection de l’environnement Ecojustice se dit «satisfait» de l’initiative du gouvernement fédéral. «Nous attendons avec impatience l’introduction rapide des règlements qui permettront l’entrée en vigueur de l’interdiction», a souligné son directeur général, Devon Page, dans un communiqué.
Ecojustice espère également que le gouvernement étendra l’interdiction aux microbilles dites «biodégradables», a ajouté M. Page. Certaines d’entre elles ne se dégradent que partiellement, laissant des résidus persistants dans l’environnement, alors que d’autres se dégradent en une variété de composés, dont certains sont toxiques.