QUÉBEC – En droite ligne avec le vaste projet d’électrifier le secteur des transports, le Québec va extraire de son sous-sol le lithium servant à fabriquer les batteries des véhicules électriques.
Nemaska Lithium, une jeune entreprise québécoise créée en 2008, a obtenu le feu vert des autorités gouvernementales pour aller de l’avant avec son projet visant à extraire 3475 tonnes de minerai par jour pendant 26 ans.
Les travaux de construction sur le territoire de la Baie-James, près du village cri de Nemaska, devraient débuter d’ici la fin de l’année et la mine à ciel ouvert devrait être en opération en 2018, procurant 250 emplois durant la phase de construction et 190 emplois par la suite.
L’entreprise vient de recevoir son certificat d’autorisation du ministère du Développement durable et de l’Environnement, élément essentiel pour lancer les travaux. Ce projet minier était en marche depuis 2011.
Même si le secteur minier traverse un important creux de vague depuis quelques années, la demande pour le lithium servant de composante aux batteries de véhicules électriques est en pleine croissance sur les marchés internationaux.
L’annonce du projet Whabouchi a été faite vendredi par le président de Nemaska Lithium, Guy Bourassa, en présence du ministre délégué aux Mines, Luc Blanchette, et du ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand.
«Nous pouvons maintenant nous attaquer à la tâche ardue de financer ce projet nécessaire à l’électrification mondiale des transports, je répète, mondiale», a commenté M. Bourassa, en conférence de presse.
Le montage financier du projet, évalué à 200 millions $, n’est pas complété, et les ministres présents n’ont pas pu dire combien de fonds publics y seraient injectés.
Le projet Whabouchi sera admissible au nouveau Fonds Capital Mines Hydrocarbures, doté d’une enveloppe d’un milliard $. Grâce à ce fonds, Investissement Québec entend prendre des participations dans des entreprises exploitant les ressources naturelles, incluant des minières. Il n’y aura pas de subventions gouvernementales.
Mais l’essentiel des fonds proviendra de sources privées. La direction de Nemaska Lithium, une entreprise basée à Québec, est à la recherche de partenaires.
Le contexte est plus que favorable pour investir dans ce projet, selon M. Bourassa, qui fait valoir que le la demande pour le lithium avait augmenté de plus de 10 pour cent au cours des 18 derniers mois et que le prix de vente suivait la même tendance, atteignant à l’heure actuelle 8500 $ la tonne.
Le ministre Arcand est demeuré évasif quant aux retombées escomptées, sous forme de redevances, à attendre du projet Whabouchi.
Il a parlé d’un «projet catalyseur» pour le Québec, qui permettra le développement d’une nouvelle filière tout en contribuant à la «décarbonisation» du Québec, par son apport aux véhicules électriques.
Selon M. Bourassa, la production de lithium au Québec aura un effet de levier sur d’autres entreprises pour faciliter l’électrification des transports.
Le secteur minier «est cyclique», a rappelé le ministre Arcand, voulant se faire rassurant quant à l’avenir du Plan Nord et des projets miniers moins avancés que celui de Nemaska.
«Il y a au moins un minimum de 17 projets actuellement dans le cadre du Plan Nord d’entreprises qui sont prêtes à investir», a-t-il commenté.
«Les choses peuvent très bien repartir également», a ajouté le ministre.
Sauf que le secteur minier traverse depuis quelques années une période très difficile, le prix des métaux ayant plongé. Des projets et des investissements ont dû être retardés.
Au total, les investissements miniers au Québec ont atteint 4,6 milliards $ en 2013, en baisse de près de 11 pour cent par rapport à l’année précédente.