OTTAWA – Les dirigeants d’Amérique du Nord qui se rencontreront à Ottawa cette semaine devront faire face à l’onde de choc économique causée par la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne.
Le Canada et le Mexique devraient saisir l’occasion pour renforcer leur coopération bilatérale afin de faire contrepoids au prochain gouvernement américain, qui risque d’être moins ouvert aux échanges et davantage orienté vers les intérêts des États-Unis, soulignent les experts.
Ces questions épineuses pourraient faire surface durant le sommet des «trois amigos», au cours duquel les trois dirigeants tenteront d’annoncer un nouveau mécanisme pour que le Canada, les États-Unis et le Mexique continuent de travailler ensemble étroitement après le départ du président Barack Obama, dans sept mois.
Le premier ministre Justin Trudeau et le président mexicain Enrique Peña Nieto retrouveront M. Obama à l’occasion de leur rencontre tripartite, avant que le président américain ne s’adresse au Parlement mercredi après-midi.
La relation amicale entre les trois dirigeants contrastera avec la tendance au désengagement international qui marque la course présidentielle aux États-Unis. Le probable candidat républicain, Donald Trump, a évoqué de nouvelles barrières au commerce et critiqué la coopération militaire internationale, tandis que son adversaire démocrate, Hillary Clinton, s’est ouvertement opposée au nouveau Partenariat transpacifique.
Et le Brexit, qui marque le début de négociations sans précédent pour que le Royaume-Uni sorte de l’Union européenne, risque de faire ombrage à l’image de coopération et de solidarité que tenteront de projeter MM. Trudeau, Obama et Peña Nieto.
Il pourrait revenir au président Obama de se montrer rassurant face aux conséquences du Brexit, ce qui pourrait survenir durant son discours devant le Parlement après sa rencontre avec ses homologues.
«Ce qu’il dira — ou ne dira pas — concernant le bois d’oeuvre, l’avenir de l’Amérique du Nord et du commerce mondial après le Brexit sera perçu comme un signe pour savoir si la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne n’est qu’une secousse ou la première étape d’une cascade de mauvaises nouvelles pour les exportations canadiennes», explique Christopher Sands, directeur du Centre d’études canadiennes de l’École d’études internationales avancées de l’Université Johns-Hopkins.
Un responsable de l’un des pays a indiqué que les «trois amigos» annonceraient plus d’une mesure pour renforcer la coopération à long terme dans plusieurs domaines. Ils tenteront de bâtir des liens qui devront perdurer après l’élection présidentielle américaine, au cours de laquelle il est question d’ériger des murs, de déchirer des accords commerciaux et de tourner le dos aux engagements sur le climat.
Le Canada et le Mexique devraient également se concentrer sur le renforcement de leurs relations bilatérales afin de s’aider mutuellement face au retour du sentiment protectionniste aux États-Unis.
Les deux pays ont déjà coopéré pour contraindre les États-Unis à abandonner leurs règles sur le marquage du pays d’origine dans l’étiquetage de la viande, après avoir obtenu gain de cause devant l’Organisation mondiale du commerce. Ils ont aussi travaillé ensemble contre les mesures protectionnistes du dispositif Buy American.