Politique

«Où est passé l’amour?», demandent les provinces

«Où est passé l’amour?» entre Ottawa et les provinces, a lancé John Horgan lors de la conférence de presse de clôture du Conseil de la fédération qu’il présidait, ce mardi.

Aux côtés de ses 12 homologues rassemblés à Victoria pour l’occasion, le premier ministre de la Colombie-Britannique a imploré Justin Trudeau de venir «s’asseoir à la table» des négociations. D’une même voix, les ministres ont répété leur demande de voir les transferts de santé du fédéral passer de 22% à 35%.

«On dit tous les 13 la même chose: nous ne pouvons plus financer 78% des dépenses de santé», a renchéri François Legault, premier ministre du Québec.

«Nous demandons à rencontrer directement le premier ministre [Trudeau]. Nous ne voulons pas qu’il délègue cela au ministre de la Santé. Nous avons besoin de nous rencontrer. [La santé] est le principal problème du Canada, nous ne comprenons pas pourquoi M. Trudeau ne veut pas nous retrouver», a déclaré M. Legault, en soulignant qu’il trouvait insultant le fait d’envoyer les ministres Leblanc ou Duclos à sa place.

Selon John Horgan, plusieurs demandes de rencontre de sa part sont restées lettre morte auprès d’Ottawa. «Le premier ministre s’était engagé à demander à ses ministres de rencontrer un groupe diversifié de premiers ministres [provinciaux]. […] C’était il y a huit mois. On a commencé avec une réunion en janvier où on a réaffirmé l’importance d’avoir une réunion en personne. Ensuite, plus rien», a-t-il regretté.

Doug Ford, le premier ministre fraîchement réélu de l’Ontario, soulignait qu’il était «insultant pour la population canadienne et les 13 premiers ministres provinciaux» de communiquer par médias interposés. Il faisait peut-être là référence au ministre fédéral Duclos, qui a déclaré aujourd’hui dans une interview qu’Ottawa avait travaillé aux côtés des provinces pour soutenir le système de santé pendant la pandémie.

Problème de ressources humaines

À l’issue de leur rencontre, les premiers ministres ont indiqué dans un communiqué qu’un financement récurrent accru de la part du fédéral permettrait de répondre à des problématiques sur le long terme, «notamment dans les domaines des ressources humaines, des soins de longue durée, des soins à domicile, de la santé mentale et des dépendances, des produits pharmaceutiques, des soins de première ligne et des infrastructures matérielles et numériques».

Outre le développement des infrastructures et des nouvelles technologies de la santé, une des solutions concrètes sur lesquelles les 13 premiers ministres se sont entendus est la mobilité de la main-d’œuvre.

«On aimerait que les compétences des gens formés à l’étranger soient reconnues. Ce qu’il faut faire, c’est obtenir […] une stratégie de ressources humaines à l’échelle nationale», a indiqué John Horgan. Selon le Conseil de la fédération, l’embauche de personnel de santé est une urgence absolue qui n’est possible qu’à la condition d’un investissement plus fort d’Ottawa dans les systèmes de santé provinciaux.

Les ministres ont réaffirmé que la compétence de la santé était bien la leur. Et Doug Ford de qualifier le gouvernement fédéral de «fourbe» lorsqu’il «vient donner [aux provinces] des idées sur comment [elles] devrai[en]t gérer [leur] ministère de la Santé».

Critiqué par le ministre Leblanc sur le chèque de 500$ aux Québécois, M. Legault a de son côté répliqué qu’il s’agissait bien d’une dépense non récurrente. «Je ne sais pas s’il le fait exprès ou s’il ne comprend pas, mais il y a une différence entre des montants non récurrents et un financement pour embaucher de la main-d’œuvre.»

Les provinces ne veulent pas de leçon sur la façon dont elles gèrent l’argent reçu du fédéral. John Horgan a lancé un message clair à Ottawa en ce sens: «Nous sommes redevables auprès de ceux que nous représentons. Le gouvernement fédéral n’est pas supérieur, n’est pas meilleur; c’est un gouvernement égal. Nous n’accepterons aucune leçon sur la probité.»

L’économie au menu

L’inflation et l’immigration faisaient partie des sujets discutés pendant ces deux jours du Conseil de la fédération.

Doug Ford a estimé qu’il serait pertinent de donner plus de pouvoirs en immigration aux provinces, notamment pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre qui frappe le Canada.

«Faites les vérifications de sécurité, de santé, mais laissez-nous nous occuper de la paperasse. Cela prend de 26 mois à trois ans pour faire venir des gens dans notre pays, c’est inacceptable», estime-t-il.

Il y aurait près de 378 000 emplois à pourvoir à travers le pays. «Si nous ne [les] remplissons pas, quelqu’un d’autre dans le monde le fera», a-t-il commenté.

Les premiers ministres provinciaux se sont entendus pour renforcer le libre-échange entre les provinces. Cela passerait par exemple par une reconnaissance des acquis et compétences simplifiée pour les citoyens qui changent de province ou de territoire.

Parmi d’autres mesures visant à renforcer les infrastructures canadiennes, «les premiers ministres demandent également au gouvernement fédéral de travailler avec les provinces et les territoires à accroître la capacité des ports et à simplifier les processus liés au remplacement des installations portuaires», ont-ils annoncé dans un communiqué commun.

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