Culture

«Les nôtres»: la vie secrète des gens heureux

Les nôtres

«Les nôtres», mettant en vedette la comédienne Émilie Bierre, prend l’affiche aujourd’hui.

Une adolescente s’attire les foudres de sa communauté dans Les nôtres, un drame qui permet à nouveau à Émilie Bierre de briller.

La caméra semble aimer immortaliser son regard angélique dans le silence, le maintenir dans le mutisme ambiant. Ce fut le cas il y a quelques années dans Catimini, récemment dans Une Colonie, et maintenant dans Les nôtres.

«C’est quelque chose qui me plaît bien, assure en entrevue Émilie Bierre. Tout passe par les regards, les sous-entendus. On t’enlève ta faculté de parler et il faut que tu t’exprimes avec tes yeux, ta posture et plein de petits détails comme ça. Ça m’a vraiment fascinée d’aller explorer ça. Je savais que je pouvais aller loin avec ce personnage complexe.»

En apparence, la fille de 13 ans qu’elle interprète dans le plus récent long métrage de Jeanne Leblanc (Isla Blanca) est une personne comme les autres, épanouie à l’école et à la maison. Mais elle cache un lourd secret qui risque d’ébranler son entourage et elle s’emprisonne à son corps défendant dans une toile d’araignée inextricable.

«Ce film va bouleverser les gens, les troubler. Mais je pense surtout qu’il va permettre de discuter et d’apprendre sur la société qu’on forme.» Émilie Bierre, actrice

Un personnage fort

«Elle porte sur les épaules une responsabilité qui appartient normalement à un adulte, révèle l’actrice de 15 ans, choisissant avec soin ses mots afin de ne divulguer aucun élément important du film. Elle a un secret qui va changer le cours de sa vie. Ça va la forcer à grandir de façon accélérée. C’est un film qui témoigne beaucoup de la force des femmes.»

De celle de son personnage, évidemment, mais aussi de quelques autres femmes (interprétées par Marianne Farley et Judith Baribeau) qui ont traversé des épreuves difficiles et qui sont toujours marquées par leur passé.

«Chaque personnage pourrait l’aider à un moment ou un autre, mais ils sont tous coupables et victimes d’une certaine façon, ils sont tous remplis de solitude», explique celle qu’on a pu voir au cinéma dans Dérive et Genèse.

Murée dans ses illusions et ses mensonges, la communauté a ici un poids implacable.

«Tu es des nôtres ou tu ne l’es pas, développe la comédienne. Cette communauté-là a ses normes, ses critères. On est dans une société où on se base souvent sur un moule parfait. Mais ce n’est pas ça, la réalité, il n’y a rien de parfait. La communauté est dans le déni et elle veut tellement se convaincre que tout va bien. Évidemment, ça va finir par craquer et provoquer des problèmes.»

«Il y a quelque chose d’universel dans cette histoire, conclut Émilie Bierre. On parle d’une petite ville, mais ça peut arriver n’importe où. Dans un cercle de personnes, par exemple. On a tous déjà été témoins de quelque chose sans savoir quoi faire, comment se positionner et réagir. Je pense que tout le monde peut se retrouver là-dedans.»


Les nôtres prend l’affiche le 13 mars 2020.

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