Depuis maintenant plus de trois décennies, Jean Leloup suscite la fascination du public québécois, incluant celle du journaliste culturel Olivier Boisvert-Magnen. Dans Des grands instants de lucidité, livre de plus de 300 pages rempli de photos, de témoignages et d’anecdotes savoureuses, l’auteur revient sur l’ensemble de la carrière de cette mythique figure de la musique québécoise.
Le livre débute par une touchante et très sentie préface signée Hubert Lenoir, artiste excentrique portant honorablement le legs de Leloup. S’ensuivent 10 chapitres axés sur la création de chacun des albums du Wolf, de Menteur, paru en 1989, à L’étrange pays en 2019.
Si Leloup lui-même n’a pas participé au livre – il serait au Costa Rica, on est sans nouvelles de lui depuis quelques années -, Olivier Boisvert-Magnen a fait appel à plusieurs de ses collaborateur.trice.s au fil des ans (et Dieu sait qu’ils ont été nombreux).
La magie du journalisme
Le travail journalistique nécessaire pour plonger en profondeur dans plus de 30 ans de carrière est admirable, surtout quand celle-ci est aussi rocambolesque. Les geeks de musique, dont Boisvert-Magnen fait visiblement partie, se réjouiront de connaître des détails très techniques de la création de plusieurs morceaux légendaires du musicien. Le lectorat davantage intéressé par la dimension humaine du personnage découvrira un artiste à la fois inspirant et frustrant. Car oui, le livre est un hommage au chanteur d’I Lost my Baby, mais on nous y présente aussi certains de ses défauts, notamment cette tendance à effacer et remplacer des personnes de sa vie, de son travail, sans leur donner aucune explication.
Subtilement, en citant plusieurs critiques d’albums et de spectacles de Leloup, le journaliste Olivier Boisvert-Magnen propose aussi un bel hommage au journalisme culturel, témoignant de son importance.
Un legs universel
Chaque chapitre pour chaque album débute par des citations d’artistes expliquant la résonance de cet opus pour eux. En récoltant les témoignages autant de Loud et Lary Kidd que d’Émile Bilodeau, France D’Amour ou Dumas, l’auteur du livre donne la mesure de l’impact que le Wolf aura eu sur des artistes de tous les styles, peu importe la génération.
En replongeant dans cet univers, on comprend l’importance d’avoir enfin consacré un livre entier au phénomène, un livre à la présentation éclatée, plein de couleurs et de motifs, à l’image de celui qui l’a inspiré.