La bête est arrivée. Après avoir remporté l’Ours d’argent à Berlin, Vic+Flo ont vu un ours, de Denis Côté, débarque enfin au Québec, présentant une Pierrette Robitaille méconnaissable.
«Ce n’est pas un film qui ronronne, qui s’assoit sur son petit confort», prévient d’emblée Denis Côté, qui a déjà habitué le cinéphile à des œuvres qui sortent de l’ordinaire.
C’est encore le cas de sa dernière création, plus cinglante et décalée que ses précédentes. Comme toujours chez lui, il y est question de gens vivant un peu en retrait de la société. Mais pour une rare fois, l’aventure se joue principalement au féminin, auprès de Vic (Pierrette Robitaille), qui vient tout juste de sortir de prison, et de Flo (Romane Bohringer), son amante, dont le mystérieux passé risque de ressurgir à chaque moment.
Derrière une esthétique de la bande dessinée, une réalité qui peut paraître tronquée et une finale ahurissante, on sent un soin particulier apporté aux échanges entre les individus.
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Il a d’ailleurs écrit ce rôle expressément pour Pierrette Robitaille, qui étonne dans un registre plus dramatique, aux antipodes de ce qui l’a fait connaître au théâtre et à la télévision. «J’ai abordé ce personnage comme j’aurais abordé une comédie», explique celle qu’on associe généralement à des univers plus légers.
Et elle a procédé avec beaucoup de sincérité, à l’image de ce long métrage qui mélange les genres et alterne les ruptures de ton, jouant constamment avec les attentes du public. «Ça en prend, des films comme ça, maintient l’héroïne. C’est extrêmement important d’ouvrir ses horizons, d’être choqué par quelque chose de nouveau. On a besoin de se confronter à nos critères. C’est même primordial. Ailleurs dans le monde, il y a beaucoup de cinéphiles, mais je ne crois pas qu’il y en ait tant que ça ici.»
Le diable en personne
Vic+Flo ont vu un ours peut se targuer de compter un des méchants les plus crapuleux de notre septième art, et nous nous garderons bien de révéler l’identité de l’interprète afin de ne pas gâcher la surprise des spectateurs.
«Je trouve que la figure du méchant, dans le cinéma québécois, n’existe pas, tranche le réalisateur Denis Côté. Vous savez, un méchant, un vrai, avec une psychologie, qui assouvit sa méchanceté sur du monde et qui s’en sort. On ne voit pas ça souvent. C’est qui, nos méchants? Ce sont des gars décapités, des violeurs d’enfants qu’on voit dans le noir, et ils n’ont pas de tête. Ou encore, ce sont des méchants un peu comiques qui, à la fin, vont être punis. Ça, c’est la queue de notre judéo-christianisme qui demeure. C’est comme si on vivait dans un monde de contes de fées. Là, ça me faisait tellement plaisir d’écrire un rôle de méchant, un vrai.»
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Vic + Flo ont vu un ours
En salle dès le 6 septembre