Directe, rieuse et authentique, la chanteuse acadienne Lisa LeBlanc lance (enfin!) son premier et très attendu album.
«P’t’être que demain ça ira mieux, mais aujourd’hui, ma vie, c’est d’la marde!» chante joyeusement Lisa LeBlanc, l’accent acadien bien assumé, accompagnée de son banjo. À son propre avis, il est possible que certains, déstabilisés par son style, détestent complètement son album. «Et je suis ben all right avec ça!» ajoute d’un ton enjoué la jeune Acadienne de 21 ans.
«Je n’ai jamais cherché à provoquer. Quand j’écrivais ces chansons-là, Câlisse-moi là et Aujourd’hui ma vie c’est d’la marde, j’étais comme dans une bubble et je n’avais pas vraiment « catché » que ça pourrait choquer du monde jusqu’à ce que des gens me disent « Heille, c’est intense, ton affaire! » Mais c’est pas trashy pour être trashy, c’est juste sorti comme ça, parce que je le ressentais, et au pire, on en rit. Moi, je suis une personne très heureuse dans la vie… ça paraît pas toujours dans mes tounes, mais c’est peut-être justement grâce à elles que je suis aussi zen!»
Et puisque la chanson lui sert d’exutoire, l’accent acadien s’imposait, croit-elle. «Au début, je me demandais si je ne devrais pas internationaliser mon français, mais ce que je fais, ça vient vraiment de mes tripes, rappelle-t-elle. Donc, pour moi, la façon la plus simple d’écrire, la plus naturelle, c’est de dire les choses comme elles pourraient sortir de moi dans la vie. C’est venu pas mal instinctivement de jouer avec le chiac un p’tit brin.»
Voilà un bon moment que le nom de Lisa LeBlanc circule, principalement depuis sa victoire au Festival international de la chanson de Granby, en 2010. La jeune femme, qui a commencé à jouer de la guitare à 14 ans et à jouer «semi-professionnellement» à 16 ans, assure que ce concours a été un tremplin sans pareil pour sa carrière : «J’arrivais d’un été assez hardcore de tournée, et je me demandais ce que je voulais, je n’étais plus sûre de savoir où j’en étais dans mon cheminement… Granby, ça m’a donné un boost, ç’a été des belles rencontres, et le fait d’avoir gagné, ça m’a donné un gros shooter d’exposure tout d’un coup!»
C’est d’ailleurs à cette époque que le style de la chanteuse, qu’elle a baptisé «folk-trash», s’est précisé. «Dans ma vie, j’ai eu des phases de plein de trucs, j’ai écouté aussi bien du métal que du classic rock ou du country, et tout ça s’est mélangé naturellement, croit-elle. Et puis j’aime la musique qui grouille. J’ai toujours été assez tomboy, la majorité des gens qui m’ont influencée sont des hommes. J’aimais pas ça, les petites fifilles qui chantaient, je trouvais ça plate. Quand j’ai commencé à faire des covers, ma mère me disait : « Fais des affaires peppy, parce que quand c’est slow, le monde écoute pas! » Ça m’a comme « scarrée » pour la vie!»
Louis-Jean, réalisateur
Lisa LeBlanc ne rêvait pas forcément de faire un album («Moi, je suis une fille de shows, alors avoir un disque, je m’en foutais!»), mais elle admet volontiers avoir énormément appris en créant son opus éponyme. Le fait d’avoir travaillé avec Louis-Jean Cormier, de Karkwa, n’y est pas étranger.
«Pour moi, Louis-Jean, c’est un des meilleurs réalisateurs qui soient, lance-t-elle. J’avais entendu ce qu’il avait fait avec David Marin et je m’étais dit que ça serait vraiment l’fun de travailler avec lui… De fait, ç’a été génial!»
Il faut dire que, comme elle tournait depuis un moment, la chanteuse arrivait avec des arrangements pour ses chansons. «Je suis quelqu’un de vraiment têtu, j’ai besoin de « leader » un peu, sinon je capote! rigole-t-elle. Je ne suis pas vraiment une fille de band, j’ai tout le temps « leadé » mes affaires. Mais Louis-Jean était toujours là, vraiment attentif, il avait une belle direction, mais en même temps, j’avais toujours le dernier mot. Puis, on était tous une gang d’épais, on riait ensemble… c’était pas du serious stuff, c’était juste vraiment cool!»
Lisa LeBlanc
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