Culture

Harper chez Salvail, c’est non

Harper chez Salvail

Jeudi soir, le buzz était chez Salvail, alors qu’il a réussi l’exploit de recevoir Stephen Harper en entrevue sur son émission de variétés.

Avant tout, je tiens à féliciter l’acharnement de l’équipe d’Éric Salvail. Recevoir le premier ministre sur son plateau est un exploit de taille. Que je sois d’accord ou non avec l’initiative, je peux saluer l’effort en toute humilité.

Ceci étant dit, je crois qu’Éric Salvail aurait dû se garder une réserve avec Stephen Harper et ne pas le recevoir sur son plateau. Pourquoi? Parce qu’un candidat en campagne ne devrait pas avoir le luxe de choisir ses entrevues, ses questions et les contextes dans lesquelles il les reçoit.

Harper ne participe pas aux émissions comme Tout le monde en parle, il ose à peine mettre le pied à Radio-Canada et il défend que très rarement sa plateforme avec des journalistes. Pourquoi, sachant cela, lui tendre une perche pour l’humaniser à la télé francophone avec une entrevue complaisante et prémâchée en fonction de ce qu’il veut et ne veut pas dire à la télé?

Attention, je ne dis pas ici que le mandat d’Éric Salvail est de faire un entretien musclé avec le chef des conservateurs. Pas du tout. Le format variété de Salvail lui va à merveille. Ce que je déplore, c’est que si notre dirigeant refuse les plateaux où il serait questionné sérieusement, pourquoi lui offrir ceux où il passera un bon moment coquin devant public?

Il est là le malaise, à mon avis. Durant la plus longue campagne électorale de l’histoire du Canada, le premier ministre sortant ne devrait pas recevoir de traitements de faveur. Soit tu «joues la game» ou tu ne la joues pas. Ajuster les règlements en fonction de ses préférences ne devrait pas être une option.

Harper a fait sauter l’équipe de Salvail au travers de plusieurs cerceaux avant de faire l’enregistrement. À la limite, s’il faisait le même coup à l’équipe de Tout le monde en parle, on pourrait lui reprocher d’être capricieux, sauf qu’il ne se défilerait pas. Là, en jouant du piano après une série de questions «balle molle», Harper peut sourire devant la caméra avec son français cassé pour charmer une portion de l’auditoire qui ne lui est normalement pas accessible.

Sans le vouloir, Éric Salvail rend service à Stephen Harper, mais pourquoi? Les cotes d’écoute? Faire le buzz? Se péter les bretelles d’être le seul à avoir eu Harper dans son studio?

Trouvez-vous que ça vaut la peine après avoir vu l’entretien?

Déjà que les politiciens qui usent leur cassette à la télé, ça m’agresse, c’est encore pire quand ils sont courtisés pour sourire bêtement devant les kodaks.

Vivement qu’elle finisse, cette campagne.

http://www.youtube.com/watch?v=YpUZXRS2xNc

BONUS – L’équipe d’Infoman résume la bête mieux que moi, par ici.

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