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La liste de dénonciation pour inconduites sexuelles «Dis Son Nom» s’amenuise

Dénonciations de cas de harcèlement et agressions sexuelles.
Dans l’ensemble, 72% des canadiennes interrogées ont déclaré avoir subi des effets négatifs du fait d’avoir été harcelées sur les plateformes de réseaux sociaux. Photo: Archives

Alors que la liste de dénonciations de la page Facebook «Dis son nom» culminait à plus de 1500 noms, elle n’en contient plus que 593, aujourd’hui. Cependant, environ 1000 dénonciations sont en cours de traitement.

La page de dénonciation a vu le jour après le mouvement mondial #metoo, avec comme but de «permettre une prise de conscience sociétale et une libération de la parole des victimes». Ce recueil numérique de dénonciation a été créée par Delphine Bergeron, une ancienne journaliste de Métro Média et une personne anonyme surnommée «A.A.». Mais alors que la liste de potentiels agresseurs avait atteint plus de 1500 occurrences, elle contient désormais moins de 593 noms.

«Un manque de capacité de gestion dû aux procédures judiciaires a forcé “Dis Son Nom” à mettre sur pause temporairement le traitement des dénonciations. Plus de 1000 dénonciations sont en attente d’être traitées.»

Une procédure judiciaire est en cours contre les administrateurs de la page. Jean-François Marquis, une des personnes citées dans la liste et retirée depuis, conteste sa présence. La procédure vise aussi à dévoiler l’anonymat d’une administratrice surnommée «A.A.».

Cette procédure judiciaire pourrait avoir eu un «effet intimidant» sur le nombre de dénonciations. «Parfois, en matière de procédure en diffamation, des victimes préfèrent retirer leur dénonciation», explique la professeure en sciences juridiques à l’UQAM, Rachel Gagnon.

La page «Dis Son Nom» se définit comme un mouvement contre les inconduites sexuelles. Les noms des personnes dénoncées sont recueillis selon des témoignages livrés par des victimes dans la messagerie privée de «Dis Son Nom», sur Facebook et Instagram. Un protocole est suivi par les bénévoles pour que les victimes restent anonymes, décrit l’organisme.

Les dénonciations publiques et la justice

Les vagues de dénonciations sont plus fréquentes, mais elles ne semblent pas avoir d’effets sur le processus judiciaire, comme l’illustre le procès d’Éric Salvail pour inconduites sexuelles, explique Rachel Gagnon. «Avec une couverture médiatique agressive et la présence d’un consensus très fort quant à sa culpabilité, cela n’a eu aucun impact sur la décision des juges», souligne la professeure. Éric Salvail a été acquitté.

Toutefois, une exception récente s’est ajoutée avec le procès de Gilbert Rozon face aux Courageuses pour inconduites sexuelles, là aussi. Dans les deux cas, les accusés ont été acquittés.

«Dans l’affaire des Courageuses, la page Facebook leur avait permis de se regrouper et de partager leurs témoignages. Mais leur plainte a été rejetée car le juge avait évoqué un risque de contamination des témoignages. Dans ce cas, le partage sur Facebook n’a pas eu d’effet positif pour elles.» – Rachel Gagnon, professeure en sciences juridiques à l’UQAM

Jusqu’à maintenant, il n’y a aucune démonstration que les dénonciations publiques peuvent avoir un effet négatif, mais on a au moins un cas où on voit que des victimes ont vu leur plainte rejetée, ajoute-t-elle.

L’implantation d’un tribunal spécialisé dans les violences sexuelles et conjugales fait du chemin au Québec.

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