Culture

Fiori sans fioritures

Il a la chienne de monter à nouveau sur scène? Qu’à cela ne tienne, une brochette d’artistes rend de nouveau hommage à Serge Fiori. Rencontre avec le principal intéressé et Alexandre Désilets.

Catherine Major, Marie-Pierre Arthur, Antoine Gratton, Alexandre Désilets, Daniel Lavoie et Ian Kelly revisiteront tour à tour les plus grandes chansons de ce «musicien parmi tant d’autres», dont certaines des œuvres font partie intégrante de l’ADN du Québec.

Le spectacle Fioritudes, qui fut présenté lors de la dernière édition des FrancoFolies, est divisé en deux parties : la première met l’accent sur la période Harmonium, et la seconde est consacrée aux pièces du très acclamé disque éponyme de Serge Fiori, paru en mars 2014. Comment l’artiste s’est-il senti en voyant son œuvre se déployer sur scène devant lui? «C’était pas vivable tellement c’était touchant. C’était également surréaliste et effrayant : chaque chanson me rentrait dedans, car ce sont des morceaux de ma vie qui défilaient devant moi. Mais la grosse tape sur la gueule, c’était qu’ils choisissent d’interpréter le dernier album», confie Fiori, qui a appris son métier en remplaçant des musiciens de l’orchestre de son père, lesquels se faisaient «porter pâles» quand les contrats les amenaient à jouer pour… la mafia!

Mais comment diable ce fils d’immigrant italien est-il devenu une des figures de proue du nationalisme, alors qu’il était naturellement destiné à suivre une voie contraire? «J’ai rencontré une fille de Val-David. À cette époque, je ne connaissais rien. J’étais dans ma bulle Pink Floyd et Frank Sinatra. Tous les soirs, on allait à La butte à Mathieu. Il y avait un arbre qui nous faisait toujours de l’ombre. On s’y asseyait et on regardait les spectacles de Vigneault, Ferland, Yvon Deschamps… Ça me fendait le cœur – j’en ai encore des frissons rien que d’y penser –, et du sang bleu se mettait à couler dans mes veines. La richesse du français m’a happé. À partir de ce moment, ç’a été fini avec le band à mon père. J’avais franchi le point de non-retour. N’eût été cette rencontre, je serais un libéral», s’esclaffe Fiori. Il redevient sérieux en affirmant qu’il fait tout son possible pour trouver une solution au problème neurologique qui l’empêche de remonter sur scène, heureux projet de plus en plus probable.

«J’ai un problème mécanique. Une forme très “flyée” de TDAH qui fait que je change de poste mentalement et que j’en perds le nord. Les médecins ont finalement diagnostiqué mon problème après 28 ans : une carence au niveau d’un neurotransmetteur. Je fais désormais tout en mon possible pour remonter sur scène. Pour moi, ça relève de la crise existentielle.» -Serge Fiori

Spectacle jubilatoire
En attendant cette grand-messe, que pouvons-nous espérer,  Alexandre Désilets? «Ce show m’a fait penser à un spectacle de gospel, parce qu’on y retrouve quelque chose qu’on appelle la jubilation : tu ne fais pas semblant de participer au spectacle et de chanter. Il y a quelque chose de plus fort que toi qui part d’en dedans et qui, à un moment donné, pendant une passe de voix par exemple, fait que tu te laisses emporter. De nos jours, tout est désacralisé. On a enlevé le rituel dans la cérémonie que sont les spectacles. Le protocole est encore là (applaudissements, éclairage…), mais il n’y a plus nécessairement de rituel. Et ça, tu ne peux pas faire semblant de le vivre. C’est ce feeling de rituel que j’ai ressenti quand on a fait le show aux Francos», se souvient Désilets. Ainsi soit-il. Hey Man!

«Il ne fallait pas tomber dans le pastiche ou l’imitation. Serge interprète ses chansons à sa façon, et lorsqu’elles sont chantées par quelqu’un d’autre, il peut y avoir un “clash”. Il a fallu trouver un juste milieu», souligne Alexandre Désilets en parlant du spectacle.

Fioritudes
Vendredi 20h
Théâtre Outremont

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