Deux immigrants algériens se rencontrent la veille de Noël dans Montréal la blanche, un film cruellement d’actualité.
Bien avant de réaliser ce premier long métrage de fiction qui évoque les récents Fatima, Dheepan et Là où Atilla passe, Bachir Bensaddek avait écrit une pièce de théâtre qui a été montée en 2004. Depuis toutes ces années, il caressait le désir de la transposer au cinéma. Voilà que le cinéaste, renforcé par son expérience du documentaire et son désir de changer de perspective, le réalise enfin.
«Je ne m’intéresse plus aux difficultés du quotidien comme dans la pièce, relate le cinéaste québécois d’origine algérienne. Je m’intéresse à l’aspect dont on ne parle jamais: celui des chocs post-traumatiques, des stigmates d’une guerre civile qu’on traîne avec soi.»
Dans une ville ensevelie sous la neige comme celle de La vie heureuse de Léopold Z, le metteur en scène réunit au sein de ce huis clos en taxi deux êtres solitaires: un chauffeur (Rabah Aït Ouyahia) qui côtoie constamment les fantômes de son passé et une ancienne chanteuse (Karina Aktouf) qui tente de refaire sa vie en anesthésiant son existence antérieure. Deux façons différentes de vivre son intégration pour ces immigrants de première génération, entre souffrances, souvenirs et perte identitaire.
«Ce ne sont pas des Algériens. Ce sont des personnages chassés par la guerre, qui sont arrivés avec une valise pleine de drames et des casseroles aux pieds, et qui essayent de vivre avec.» -Bachir Bensaddek, cinéaste
«Je pense que le Québec va encore mieux connaître ce phénomène dans les années et les décennies à venir avec les Syriens qui arrivent, prophétise le réalisateur. Ce sont des gens qui ont vu des horreurs au quotidien, un pays s’effacer devant eux. C’est ce qui s’est passé avec beaucoup d’Algériens qui sont venus ici.»
Montréal la blanche
En salle jeudi 17 mars 2016