L’homme, qui n’a pas la gueule d’un jeune premier, s’est assis derrière sa guitare il y a seulement cinq ans. Depuis ce temps, malgré les craintes et les embûches, Jacques Demers, ou Jidé, vit son rêve d’artiste au quotidien, et il n’a aucun désir de se réveiller. À deux semaines de son spectacle aux Trois Devins, TC Media a pu s’entretenir avec l’artiste.
« La première fois que je suis allé me raconter, faire mes chansons, c’était lors d’un concours à Drummondville au mois de janvier la première année de ma retraite, à 55 ans. J’ai tremblé, je jouais de la guitare minimalement, ma voix chancelait. J’ai fait deux chansons et c’était plus qu’assez », explique l’auteur-compositeur qui a soufflé 60 chandelles sur son dernier gâteau d’anniversaire.
Bien qu’il ait étudié au cégep et à l’université en musique, le jeune Jacques Demers de l’époque a plutôt décidé de refouler son besoin de chanter et a choisi la voie de l’enseignement pendant 30 ans, devenant même directeur de l’école St-André-Avelin, en Outaouais. C’est le décès d’un ami, aussi directeur d’école, qui a créé chez lui l’urgence de devenir Jidé.
« J’avais mis mon désir de faire de la musique de côté pendant longtemps. À ce moment, je me suis dit oups, si je veux faire de la musique, c’est maintenant», explique le chanteur qui s’est inspiré de Richard Desjardins pour écrire la trentaine de chansons qu’il a maintenant à son répertoire.
Pas toujours facile
Le métier qu’il a choisi n’est des plus faciles, encore moins lorsqu’on se lance la tête première dans une carrière de chanteur dans la fleur de l’âge, sans expérience.
« J’ai vite réalisé que le métier de parolier, c’est difficile. Parfois, je m’assoyais une journée et je n’écrivais qu’une phrase, et ma journée était faite. Le lendemain j’en écrivais une autre, et j’étais fier de ces deux phrases-là », confie-t-il.
L’homme, que vous pourrez entendre lors de la troisième édition de Découvre ton show qui se tiendra le 14 avril prochain sur la scène des Trois Devins, à Lachine, ne cache pas son admiration pour ces jeunes qui, eux, tentent de vivre de leur art. Pour sa part, sa grande gêne l’empêche de se produire dans de grandes salles et il ne fait quelques spectacles choisi.
Il a d’ailleurs commencé à donner des spectacles il y a seulement trois ans. «La maturité, ça prend du temps et moi, je n’étais pas là avant cet âge, j’étais incapable de me produire. Aujourd’hui, je me cache derrière ma guitare, et des fois, j’aimerais avoir une contrebasse», admet-il.
Jidé a pourtant gagné de l’assurance avec le temps. Il est convaincu qu’il saura captiver l’intérêt de son public Lachinois, lui qui n’a chanté dans la Grande Ville qu’une seule fois auparavant. Le thème qu’il a choisi d’offrir sur les planches dans quelques semaines est celui des rencontres.
« Je veux chanter, entre autres, une chanson que je n’ai faite en public qu’une fois auparavant, Gens d’audace, parce qu’il y aura là des gens qui m’ont accueilli lors de mes premiers spectacles, des jeunes dans la vingtaine, qui m’ont accepté, même à mon âge », explique-t-il.
La poursuite du rêve
Son premier album, intitulé Inspiration, est sorti au mois de février et contient huit chansons sur le thème du temps et du rêve d’aimer. Une de ses créations, Trois-Pistoles, ne dure que 29 secondes.
« J’avais loué un chalet au bord du fleuve justement dans cette ville. Il faisait très beau le matin et je pratiquais sur la galerie. À un moment donné, j’ai été emporté par les oiseaux, le soleil et le fleuve et j’ai enregistré le résultat sur-le-champ, pour ne pas l’oublier. C’est la première chanson que j’ai enregistré pour l’album », continue Jidé.
Pour le reste, il poursuit son cheminement. Il apprend des gens qui l’entourent, et c’est cet échange qui est devenu un besoin viscéral pour lui.
« C’est au-delà du caprice, c’est devenu un mode de vie. La première heure du matin, lorsque je prends mon thé et que j’écris, ce moment-là est extraordinaire et je ne veux pas que ça arrête », conclut-il.
La célébrité n’est pas pour lui. Il rêve d’établir un circuit de 25-30 boîtes qu’il pourrait visiter sur une base régulière. Il sait que les années vont le rattraper, mais il préfère ne pas trop penser au jour où il ne pourra plus chanter. Il préfère profiter de l’instant, puisqu’il est là.