Le jeu montréalais Ancestors : The Humankind Odyssey fait revivre les premiers millions d’années de l’histoire humaine.
Après une série de mésaventures et une longue bataille juridique, le créateur d’Assassin’s Creed Patrice Désilets s’apprête à amorcer un nouveau chapitre de sa carrière avec le lancement de Ancestors : The Humankind Odyssey, un jeu de survie et de découverte préhistorique d’un réalisme inégalé jusqu’ici. Le résultat s’annonce convaincant.
Ancestors, dont Métro a récemment eu l’occasion d’essayer les deux premières heures, place le joueur dans une jungle africaine luxuriante il y a environ 10 millions d’années.
«J’ai passé deux ans de ma vie à m’informer sur le sujet. J’ai lu les livres les plus scientifiques possible et j’ai regardé tous les documentaires que je pouvais. On a aussi invité des scientifiques au bureau pour qu’ils approuvent notre travail», raconte le directeur créatif Patrice Désilets, dont les jeux à connotation historique sont désormais la marque de commerce.
Ancestors n’est pas le premier jeu à aborder l’époque préhistorique. Far Cry : Primal d’Ubisoft Montréal avait aussi tenté l’expérience il y a quelques années. Comparer les deux revient toutefois à mettre en contraste les Pierrafeu et un documentaire à Historia. Tous les éléments n’y sont toutefois pas complètement réalistes non plus, précise le directeur créatif: «Le plus important est le jeu lui-même, et non les recherches.»
Le joueur incarne dans Ancestors des grands singes qui doivent explorer la jungle qui les entoure, apprendre à communiquer et apprendre à développer des outils, par exemple en frappant une pierre contre une autre d’une certaine façon, ou en empilant des branches sur le sol pour faire un lit.
Ancestors est aussi un jeu de survie, où il faut manger, boire et ne pas faire de chutes lorsqu’on saute d’un arbre à un autre. Rester en vie et découvrir le monde n’est pas facile, puisque le jeu ne nous tient pas par la main. Les grands singes qui ont évolué jusqu’à l’australopithèque n’avaient, après tout, pas de tutoriel non plus.
Contrairement aux jeux d’action-aventure comme Assassin’s Creed, Ancestors n’est pas l’histoire d’un seul singe, mais plutôt celle d’une espèce. On peut contrôler les différents membres d’un clan, et lorsque notre clan a accumulé suffisamment de connaissances, il est possible d’évoluer vers une autre espèce (ce qu’il n’a pas été possible de faire pendant notre brève prise en main).
Un nouveau studio pour des créations québécoises
Ancestors : The Humankind Odyssey est le premier jeu de Panache Jeux Numériques, le studio fondé par Patrice Désilets et Jean-François Boivin (un autre ancien d’Ubisoft). Le jeu a été produit par une petite équipe d’une trentaine de personnes, dont les noms sont tous affichés sur un pied d’égalité dans un générique au début du jeu, et non énumérés à la vitesse de l’éclair à la fin comme c’est habituellement le cas.
«C’est important pour moi que les gens réalisent que le jeu n’a pas été créé par une équipe de 800 personnes. La présentation s’inspire du générique parlé du film Les uns et les autres de Claude Lelouch, où il présentait son équipe en ouverture, note Patrice Désilets. Je suis un peu le poster boy de Panache par la force des choses, mais je suis surtout fasciné par le travail de l’équipe. C’est sûrement mon aspect québécois», médite-t-il.
Le directeur créatif a d’ailleurs cofondé Panache justement pour créer des propriétés intellectuelles québécoises. «C’est bien beau faire des jeux vidéo pour les autres, mais il faut aussi en faire pour nous, et mettre en valeur le patrimoine québécois », observe le créateur originaire de Saint-Jean-Sur-Richelieu. «J’aimerais d’ailleurs faire un jeu très québécois. J’ai déjà une idée ou deux, confie-t-il. Les gens ont peur de faire des jeux associés à leur culture. Et je ne suis pas mieux : j’en fais un qui se passe en Afrique. Mais un jour, je vais faire un jeu sur notre culture», promet le directeur créatif.