Les travailleurs âgés sont de plus en plus nombreux, mais leur situation est bien différente de celle des travailleurs plus jeunes.
Selon l’Institut de la statistique du Québec, en 2018, 48,5% des personnes âgées de 60 à 64 ans occupaient un emploi, alors que c’était le cas de seulement 39% d’entre elles en 2010. De même, toujours en 2018, c’était 10% des 65 ans et plus qui avaient un emploi, alors qu’elles n’étaient que 7,9% en 2010.
Les travailleurs âgés de 60 ans et plus sont donc de plus en plus nombreux et c’est tant mieux – pour au moins deux raisons. D’abord, dans plusieurs secteurs d’activité, les entreprises font face à une grande pénurie de main-d’œuvre et ont bien besoin de leurs services. C’est surtout le cas dans les régions, qui n’attirent pas autant d’immigrants que les grands centres et dont le bassin de recrutement est plus petit. Plusieurs entreprises recrutent donc intensément auprès des 60 ans et plus.
Ensuite, un nombre important des personnes âgées désirent rester actives. Cela leur permet de conserver le réseau social qu’elles ont construit et dont la perte résulterait en un isolement difficile. Plusieurs sont encore en grande forme et s’ennuient lorsqu’elles ne travaillent plus. Des recherches semblent d’ailleurs indiquer que le maintien d’un certain niveau d’activité préserve les facultés cognitives comme les capacités physiques chez les personnes de 60 ans et plus. Un retrait trop hâtif du marché du travail n’est donc pas une bonne idée.
Le taux d’emploi des personnes de 60 ans et plus a presque doublé au cours des 20 dernières années.
Cependant, d’autres sont obligés de continuer à travailler. Plusieurs des travailleurs âgés d’aujourd’hui ont expérimenté de grandes difficultés financières au cours de leur carrière. Les multiples récessions, l’introduction des emplois à durée déterminée et les changements de structures d’entreprises ont eu des effets négatifs sur leur capacité à épargner en vue de la retraite. Un certain nombre ont encore des dettes importantes. Financièrement, un retrait complet du marché de l’emploi n’est donc pas possible pour eux, même si c’est ce qu’ils désirent.
Autre ombre au tableau, les emplois qu’on leur offre ne sont pas nécessairement les emplois qu’ils souhaitent. En effet, plus les travailleurs vieillissent, moins ils se sentent aptes à occuper à temps plein un emploi exigeant. La plupart recherchent plutôt un emploi occasionnel ou à temps partiel, qui leur permettra de mieux gérer leur temps et leur énergie. De même, ils désirent un travail intéressant qui leur permettra d’utiliser les connaissances acquises au cours des années. Or, les emplois qui leur sont offerts ressemblent souvent aux emplois peu qualifiés qu’ils ont occupés en début de carrière.
C’est probablement pour toutes ces raisons que plusieurs travailleurs âgés sont aussi des travailleurs autonomes. Le travail autonome leur permet de rester actifs et d’offrir leur expérience au prix courant, sans avoir à se plier aux exigences d’un emploi à temps plein. Pour plusieurs, cela signifie amorcer une deuxième carrière et reporter à plus tard le départ définitif du marché de l’emploi.