Le siège social d’une entreprise spécialisée en services informatiques doit être construit dans un espace vert, près de milieux humides du Technoparc de Montréal, dans Saint-Laurent. Un organisme militant pour la préservation de l’environnement plaide auprès de Montréal pour qu’une consultation publique soit tenue avant l’aboutissement du projet.
La Coalition verte se dit «grandement préoccupée» par le projet. De son côté, l’entreprise en question, Hypertec, assure que son nouveau siège social sera un des bâtiments les plus durables au monde. L’entreprise veut planter des arbres sur le toit pour compenser les pertes de canopée, pertes qu’elle souhaite d’ailleurs limiter.
Mais pour la Coalition verte, ainsi que pour l’organisme Technoparc Oiseaux, les terrains acquis par Hypertec sont des zones tampons essentielles pour le marais, qui héberge des dizaines d’espèces d’oiseaux. «C’est un lieu à haute valeur écologique, c’est incompatible avec un développement», explique Katherine Collin, de Technoparc Oiseaux.
«Permettre une telle installation, c’est le début d’une chaîne de fragmentation, et la fragmentation est le grand ennemi des terres humides», s’alarme, lui, Patrick Barnard, de la Coalition verte.
Saisir l’OCPM?
Du côté de la Coalition verte, on veut que le siège social d’Hypertec soit construit ailleurs, et on espère qu’une éventuelle consultation publique auprès de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) abondera dans ce sens. Patrick Barnard raconte avoir rencontré Luc Rabouin et Caroline Bourgeois, du comité exécutif de la Ville, et que ceux-ci se sont montrés neutres à l’idée de saisir l’OCPM.
De son côté, Technoparc Oiseaux est d’avis que «toute pression est bonne pour empêcher le développement dans le secteur». Mme Collin estime qu’au vu de la valeur des services écosystémiques que fournissent les milieux humides du Technoparc, de la fraîcheur que sa canopée apporte et du bien-être qui découle du contact avec la nature, le projet d’Hypertec représente un enjeu public.
Seulement deux terrains non protégés
Récemment, Montréal annonçait l’expansion du parc-nature des Sources, qui protège déjà une partie des milieux humides situés entre le Technoparc et l’aéroport Montréal-Trudeau. Le projet doit être analysé par le conseil d’agglomération. Seul hic, sur un des deux terrains d’Hypertec et sur un autre terrain voisin, le développement resterait permis. Sur la carte du nouveau parc-nature dévoilée par la Ville, ces deux terrains se retrouvent presque enclavés dans la zone protégée.
Une situation que Katherine Collin juge étonnante. Elle s’interroge sur les raisons pour lesquelles la Ville a choisi d’inclure certains terrains privés et non pas d’autres dans la nouvelle délimitation. Un second terrain acquis par Hypertec est inclus dans l’expansion du parc-nature et n’est donc pas non plus concerné par le projet de siège social.
Reste que pour protéger efficacement ce milieu humide, Mme Collin veut voir de vraies actions être posées et non juste des promesses. «Il faut que les terrains soient acquis pour être protégés», argumente l’activiste. Son organisme, Technoparc Oiseaux, ne préconise pas un type de protection en particulier, mais souhaite que la Ville de Montréal garantisse la protection à long terme du secteur.
Une telle protection pourrait aussi passer par Parcs Canada, qui a récemment annoncé vouloir créer des parcs nationaux urbains dans les grandes villes canadiennes. Le secteur ayant l’un des écosystèmes les plus riches de Montréal, il pourrait être un potentiel candidat.