La mannequin mexicaine Ruby Vizcarra, beauté immaculée dans la mi-vingtaine, a pour objectif de s’attaquer aux stéréotypes et de prouver que la différence peut aussi être un atout. Métro l’a rencontrée.
Originaire de Guadalajara, au Mexique, Ruby Vizcarra est la troisième d’une famille de quatre filles. Elle et sa plus jeune sœur ont toutes deux hérité des gènes albinos du père de son arrière-grand-mère. De son propre aveu, son enfance a été difficile. «Je ne comprenais pas très bien ce que j’avais, alors chaque fois qu’un enfant me demandait pourquoi j’étais si blanche, je ne savais pas quoi répondre», se souvient-elle.
Aujourd’hui, elle est toutefois au sommet de sa carrière et travaille avec des photographes, des peintres et des artistes. Elle a aussi posé pour des campagnes publicitaires et plusieurs magazines partout dans le monde. En parallèle, elle souhaite par-dessus tout sensibiliser les gens à l’albinisme grâce au mouvement indépendant qu’elle a lancé, Albino Latino.
Quand avez-vous décidé de devenir mannequin?
Dès l’âge de 12 ans. Je me souviens que j’aimais feuilleter les magazines et regarder les mannequins. Je les voyais comme l’incarnation de la perfection. Même si c’était mon rêve, je n’aurais jamais cru qu’ils accepteraient quelqu’un comme moi.
Quel a été votre cheminement de carrière?
À 18 ans, je n’osais pas me présenter dans une agence de mannequins de peur d’être rejetée. Ce n’est que vers 20 ans que j’ai laissé tomber mes craintes et que je suis finalement allée en agence. J’ai immédiatement été acceptée, mais je suis rapidement partie parce que j’étais déçue qu’on utilise du maquillage pour cacher mon albinisme. J’ai ainsi commencé à travailler de manière indépendante avec l’aide de photographes. C’est grâce à mes projets personnels que j’ai fini par être remarquée.
Est-ce que percer a été difficile?
Au début de ma carrière, durant des séances photo de groupe, certaines filles m’ont fait sentir que je n’était pas à ma place. Et je me rappelle un photographe en particulier qui m’avait retirée d’une photo parce que je détonnais. Ce même photographe m’a récemment demandé de poser pour lui; j’ai évidemment refusé.
Comment l’industrie vous traite-t-elle?
Parfois, au Mexique, ils choisissent de ne pas travailler avec moi parce que je «n’ai pas l’air Mexicaine». J’ai même reçu des insultes de la part de gens qui croient que je suis étrangère. Vous avez quand même accompli votre rêve.
Que répondriez-vous à ceux qui disent qu’ils ne peuvent pas réaliser leurs rêves?
J’ai encore l’impression de vivre dans un rêve. J’ai réussi au-delà de mes espérances. Aux gens qui pensent que leurs rêves sont inaccessibles, je dis : «Ce n’est pas vrai.» En ce qui me concerne, je me suis moi-même imposé plusieurs limites et ça peut nous ralentir. Cela dit, je pense que, quand vous voulez vraiment réussir quelque chose, vous allez finir par briser les barrières.
Et pour la suite?
Je travaille sur plusieurs projets. Je veux notamment faire connaître Albino Latino comme une association de soutien aux personnes albinos. Plusieurs finissent par développer un cancer de la peau, soit parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter des protecteurs solaires, soit parce qu’ils manquent d’information. J’ai aussi beaucoup de travail dans l’industrie de la mode et je veux continuer à prendre ma place comme mannequin. Surtout, mon objectif est de transmettre le message que ce qu’on perçoit parfois comme un défaut peut finir par devenir un atout. Nous sommes tous différents, mais nous avons tous la même valeur.