Inspiration

Taponner, tapocher, continuer à voyager  

Nos chroniqueurs reviennent sur les absolutions des agresseurs Simon Houle et Joshua Schoo.

CHRONIQUE – Nous, du conglomérat Vas-tu finir ton assiette International inc., sommes très à l’affût des tendances, que ce soit le retour des jeans taille basse, les sous-verres avec «Vindredi» écrit en script dessus ou le nouveau truc à la mode: ne pas donner de casier judiciaire à des messieurs qui ont violé ou violenté une femme, pour ne pas les empêcher de parcourir le monde dans une version vraiment f*cked up de Mange, prie, aime.  

On connaît à peu près tous (sinon, prends une tite camomille avant de cliquer) le cas de Simon Houle, agresseur et ingénieur (dans cet ordre) qui, sitôt absout par le juge Matthieu Poliquin, aurait laissé ses mains pognasser une autre femme sans son consentement dans un resort cubain. Nous ne reviendrons donc pas sur ce cas, sauf pour crier leurs noms en agitant le poing vers le ciel, parce que c’est la seule chose qu’on semble pouvoir faire face à un système de justice bourré de failles qui préfère re-traumatiser les victimes plutôt que de responsabiliser les accusés même lorsque les faits sont reconnus. 

SIMON HOUUUUUULE PIS MATTHIEU POLIQUIIIIIN! Voilà qui fait du bien. 

Mais les vacances d’été (et l’envie de ne plus rien savoir) aidant, plusieurs ont peut-être raté le cas de Joshua Schoo, un homme de Gatineau qui a violemment attaqué sa conjointe, devant ses enfants, mais qui a reçu une absolution pour ne pas, et on cite en grinçant tellement des dents que notre dentiste va pouvoir se payer un deuxième chalet, «ruiner sa carrière».

Joshua Schoo / Photo tirée de Facebook

On note donc: sauter sur quelqu’un dans la rue pour l’étrangler, ce sont des voies de fait. Mais sauter sur sa conjointe pour faire de même, c’est de la violence conjugale. Et là c’est bien important de se demander pour quossé que peut-être c’est pas complètement sa faute? Le ti-poutte a juste sauté une coche et il a dit qu’il le regrettait. C’est de l’amour ça monsieur le juge. 

Dans son jugement, le juge Serge Laurin souligne qu’avec un dossier judiciaire, Schoo ne pourrait plus rendre visite à sa sœur aux États-Unis et y passer des vacances avec ses enfants (incluant sa fille de 13 ans, qui a dû appeler la police après avoir vu son père attaquer sa mère, imaginez l’ambiance au Best Western de Burlington!). Que la sœur fasse le trajet inverse n’est-il pas une option? Les raisons de vouloir crisser son camp des States ne manquent pourtant pas! 

On dirait qu’il est toujours suprêmement important qu’un agresseur puisse encore voyager. Comme si les agresseurs devaient être la nouvelle exportation du Québec, après le cidre de glace et Denis Villeneuve. 

Oui, c’est important de tenir compte des démarches sincères du coupable et de la volonté de réparation des victimes, mais il faudrait quand même que les actions aient des répercussions, des fois. On a eu plus de conséquences à essayer de suspendre notre abonnement à HelloFresh que les huit joueurs de Hockey Canada en ont eu pour leur histoire de viol collectif. Ou que l’autre demi-douzaine de joueurs pris dans une autre histoire de viol collectif soigneusement étouffée en 2003

On songe d’ailleurs à demander conseil à Hockey Canada pour notre renouvellement d’assurance, puisque l’organisation semble avoir eu un excellent deal avec son courtier pour couvrir des histoires d’agressions sexuelles, afin de ne pas gâcher les carrières de présumés violeurs à patins qui ont du talent avec la palette et qui pourraient avoir envie d’être repêchés à l’extérieur du pays. De quoi faire rayonner à la fois notre sport national et notre incapacité, semble-t-il chronique, toutes provinces confondues, à responsabiliser les agresseurs.  

Oubliez les passeports, oubliez la gestion des bagages. Au point où on en est, on dirait que le meilleur moyen de régler le chaos dans les aéroports, ce serait de commencer à se soucier plus des victimes que du droit des agresseurs d’aller passer deux semaines à Cayo Coco. Déjà, ça ferait moins de monde dans la file aux douanes. 

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