Les microbrasseries ont la cote auprès des Québécois. Cette mode qui s’est imposée depuis plusieurs années ne semble pas sur le point de perdre du terrain, bien au contraire. Mais ce développement rapide pourrait-il arriver à un point de saturation?
«En terme de part de marché, il y a une croissance des bières de microbrasseries au Québec. En 2007, l’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ) était au tour de 4 ou 5%. On représente maintenant 10% des bières consommées », a expliqué la directrice générale de l’AMQ, Marie-Ève Myrand, lors du cercle de presse qui prenait place mercredi matin à Chicoutimi.
L’évolution du consommateur de bières est l’un des facteurs qui expliquent ce changement. «Depuis une dizaine d’années, la nouvelle génération de consommateurs a eu accès à énormément de produits sur les tablettes et a découvert la microbrasserie dès qu’elle a eu l’âge légal d’en boire», a affirmé le bièrologue Philippe Wouters.
Cet engouement semble encore plus visible en région. Plus de la moitié des microbrasseries ont pris racine dans une ville de 500 000 habitants ou moins. La fierté engendrée par cette réalisation et l’attachement de la population envers ces établissements y sont pour quelque chose. «Souvent, ce sont des gens nés sur place qui sont contents de vivre de leur passion. Dans ce cas-ci, non seulement ils vont créer leur emploi, mais des emplois dans leur région et ça fonctionne», souligne M. Wouters.
La région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, compte 12 producteurs de bière, offrant donc une microbrasserie par 23 000 habitants.
Point de saturation
L’offre de plus en plus grande pourrait dépasser la demande d’ici quelques années. Malgré l’optimisme des intervenants du milieu, ils avouent qu’un point de saturation sera atteint, mais que cette réalité n’engendrera pas le déclin de l’industrie. «Les producteurs vont jouer du coude pour avoir accès aux tablettes de magasins», croit la directrice générale de l’AMBQ.
Elle ajoute que la future certification de qualité qui sera gérée par ce même organisme permettra aux microbrasseurs de qualité de se tailler une place.
«Il va y avoir une correction et ça va être bénéfique. Je compare cela au marché du fromage. Il y en a qui produisent plus, d’autres qui produisent moins et on arrive à passer tout le monde là-dedans. C’est parfait comme ça, c’est le consommateur qui va choisir», conclut Philippe Wouters.