Les origines de la viticulture remontent à plus de 8000 ans, soit près de 10 siècles plus tôt qu’estimé auparavant, ont révélé des résidus trouvés dans des poteries néolithiques mises au jour en Géorgie, dans le sud du Caucase.
Les plus anciens indices chimiques de la production de vin dataient jusqu’alors de 5400 à 5000 ans avant l’ère chrétienne et provenaient des montagnes de Zagros, en Iran, ont précisé les scientifiques, dont la découverte a été publiée lundi dans les Comptes-rendus de l’académie américaine des sciences (PNAS).
Leurs fouilles se sont concentrées sur deux sites riches en poteries du début du néolithique, datant de 8100 à 6600 ans avant notre ère, Gadachrili Gora et Shulaveris Gora, situés à une cinquantaine de kilomètres de Tbilissi.
L’analyse des résidus retrouvés dans huit jarres vieilles de plusieurs millénaires a révélé la présence d’acide tartrique, signature chimique du raisin et du vin. Trois autres acides – malique, succinique et citrique, liés à la viticulture – ont également été détectés.
«Cela suggère que la Géorgie est se trouve dans la région qui est le berceau de la domestication de la vigne et de la viticulture», a résumé pour l’AFP Patrice This, directeur de recherche à l’Institut national français de recherche agronomique (INRA).
Les vignes eurasiennes, qui produisent aujourd’hui 99,9% du vin dans le monde, sont originaires du Caucase, a-t-il précisé.
«Le vin – comme une médecine, un lubrifiant social, une substance altérant l’esprit ou encore une denrée de grande valeur – est devenu une composante incontournable des cultes religieux, de la pharmacopée, de la cuisine, de l’économie et de la vie sociale partout au Moyen-Orient.» – Stephen Batiuk, professeur au Centre d’archéologie de l’université de Toronto
Plus de 10 000 variétés
«Nous pensons être en présence de vestiges de la plus ancienne domestication de vignes sauvages en Eurasie dans le seul but de produire du vin», a expliqué Stephen Batiuk, du Centre d’archéologie de l’université de Toronto.
«La version domestiquée du raisin pour la production de vin de table compte aujourd’hui plus de 10 000 variétés dans le monde», a-t-il précisé, dont plus de 500 pour la seule Géorgie.
Selon les scientifiques, cela laisse penser que les vignes ont fait l’objet de nombreux croisements qui ont entraîné la création de différents cépages depuis très longtemps dans cette région d’Eurasie.
La combinaison des données archéologiques, chimiques, botaniques, climatiques et de datation montre que la variété de vigne Vitis vinifera était abondante autour des deux sites d’excavation en Géorgie.
Au néolithique, le climat y était assez proche de celui des régions viticoles d’aujourd’hui en Italie et dans le sud de la France.
La plupart des cépages traditionnels appartiennent à cette espèce, comme le cabernet sauvignon, le chardonnay, le syrah, le merlot, le grenache, le mourvèdre et le riesling.
Ingéniosité humaine
«Notre étude suggère que la viticulture était le principal élément du mode de vie néolithique, qui a vu la naissance de l’agriculture, à se répandre dans le Caucase» et au-delà vers le sud en Irak, en Syrie et en Turquie, a déclaré le professeur Batiuk.
«La poterie, idéale pour fabriquer, servir et conserver des boissons fermentées, a été inventée à cette période, au cours de laquelle de nombreuses avancées dans la technologie, la cuisine et l’art ont aussi eu lieu», a-t-il précisé.
Ces chercheurs expliquent que, dans ces anciennes sociétés, boire et offrir du vin faisaient partie de presque tous les aspects de la vie.
«Le vin – comme une médecine, un lubrifiant social, une substance altérant l’esprit ou encore une denrée de grande valeur –, est devenu une composante incontournable des cultes religieux, de la pharmacopée, de la cuisine, de l’économie et de la vie sociale partout au Moyen-Orient», a expliqué M. Batiuk.
Selon lui, la viticulture au néolithique est un exemple parfait de l’ingéniosité humaine, qui a permis le développement de l’horticulture et l’invention des usages de ses produits dérivés.