À table

Tazah : la Syrie dans votre assiette

Sobre décoration moyen-orientale et pièces de la diva égyptienne Oum Kalthoum : la table est mise pour une soirée authentique dans l’antre de l’ancienne Cantine.

La Syrie fait rarement les manchettes pour les bonnes raisons, mais ce pays déchiré par la guerre gagne à être connu par l’assiette, forte d’une culture culinaire riche et métissée.

Mal représentée par les établissements de restauratation rapide, la cuisine arabe, et particulièrement syrienne, connaît pourtant une embellie à Montréal.

Après les restaurants Damas et Alep, c’est maintenant le Tazah qui propose de mijoter la Syrie, dans un sympathique et chaleureux local, avenue du Mont-Royal, tenu par l’ancien chef du Kaza Maza. Lumière tamisée, sobre décoration moyen-orientales et pièces de la diva égyptienne Oum Kalthoum : la table est mise pour une soirée authentique dans l’antre de l’ancienne Cantine.

Le menu offre un choix considérable d’entrées froides et chaudes. Nous commandons des rouleaux frits au bœuf haché, mais se poseront sur notre table quelques minutes plus tard des rouleaux au fromage. Tant pis, nous avons faim et taisons cette erreur. Il faut dire que le serveur, fort courtois, s’adresse à la clientèle avec beaucoup d’empressement.

Les deux feuilletés sont frais et frits à la perfection. Notre invitée s’arrête sur le kibbe naye (heureusement, la description française est affichée sous l’appellation arabe). Il s’agit d’un mélange de tartare de bœuf et de boulgour, un dérivé du blé dur, le tout accompagné de pain pita frais. La présentation est simple, la portion généreuse et le dosage sans reproche.

Bien vite, nous avons envie d’arroser un peu toutes ces épices. Notre choix parmi la sélection de boissons assez chères s’arrête sur un vin libanais modeste, mais satisfaisant, le Château Kefraya, de la vallée de la Bekaa.

Nous aurons amplement le temps de remplir nos coupes, puisque l’attente avant de recevoir nos plats de résistance est interminable. Et ce, même si nous sommes quasiment seuls dans la place. «C’est parce que tout est cuisiné ici», nous avise après quelque 60 minutes le serveur, qui pianote allègrement sur son cellulaire entre les services. Son explication ressemble étrangement à la définition d’un restaurant.

La bouteille de vin presque vide, nous recevons enfin nos assiettes. De notre côté de la table : le muloukhiyé, un plat royal égyptien qui s’est mérité des déclinaisons partout au Moyen-Orient. La version Tazah marie feuilles de corète, poulet, pita frit, noix, vinaigre et cubes d’oignon.

À la troisième bouchée, nous tombons sur un os. Littéralement. Nous ferons au cours du repas deux autres découvertes indésirables qui, à défaut de nous casser les dents, casseront notre plaisir. Quant au goût, les feuilles de corète potagère, genre d’épinards moyen-orientaux, sont fraîches, mais sont un peu trop envahissantes à notre goût.

Le mélange nous apparaît au final plutôt grossier, sans signature ni subtilité. Plus de chance du côté de notre invitée, qui a choisi le réconfortant fatté makdous, où convergent les aubergines, de l’agneau faiblement épicé et des noix, le tout arrosé de sauce tomate et tahini.

Déjà bien repus, nous commandons pour dessert des baklavas classiques, bons, mais trop communs pour les suggérer.

Après deux longues heures au Tazah, nous partons en sachant que nous n’y retournerons pas de sitôt. D’autant que la facture salée n’exprime pas le plaisir que nous avons eu, ou plutôt, que nous n’avons pas eu.

Le potentiel de ce petit restaurant chaleureux et bien situé reste considérable, mais le service et les plats devront être peaufinés s’il souhaite se distinguer de ses compétiteurs syriens.

En résumé

Tazah
212, avenue du Mont-Royal Est
(514) 750-9800

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