À table

Le Hoogan et Beaufort, en deux temps

Jeff Yates et Audrey Lavoie - Métro

On attendait le nouveau restaurant de Marc-André Jetté avec impatience. Le chef était SRF (sans restaurant fixe) depuis qu’il avait quitté les fourneaux des 400 coups en 2013. Avec son complice William Saulnier en salle, le chef Jetté s’est installé à Rosemont en décembre dernier. Métro est allé au Hoogan et Beaufort pour le brunch et pour le souper. Nos impressions.

Le brunch: une matinée pleine de légèreté

On arrive au Hoogan et Beaufort par un froid dimanche matin de février. L’ensoleillement de la salle nous réchauffe en un rien de temps; l’imposante fenestration rend l’ambiance du restaurant très chaleureuse. Dès l’ouverture des portes à 10 h 30, les clients affluent dans le resto situé dans la chouette place Léopold-Beaulieu, au sein du Technopôle Angus.

Aussitôt assis, on est accueillis par un serveur gentil et attentionné qui nous présente le menu et nous offre à boire, comme il se doit. On opte pour une cafetière piston, sur ses conseils, qu’on accompagne de petits scones à l’argousier pour faire patienter la petite cliente de trois ans qui nous accompagne. Voilà une des particularités du Hoogan et Beaufort : on nous offre des petits encas à partager – scones, cake, focaccia brûlée, huîtres – pour nous mettre en appétit.

On poursuit avec les plats de résistance. Le yogourt à la vanille, ananas grillé et crumble de cajou, léger et frais, fait le travail. Les ananas, qui ont été grillés dans le «pit à feu» du restaurant, et le crumble de cajou transforment un simple bol de yogourt en un très bon bol de yogourt. On est toutefois resté un peu sur notre faim, la quantité laissant un peu à désirer pour ce type de plat.

À l’opposé, la galette de sarrasin aux bananes caramélisées en purée est assez copieuse, sans l’être trop. Les petites touches de crème fouettée, aérienne et peu sucrée, tout comme les herbes fraîches apportent de l’originalité au plat.

La couronne revient aux fèves au lard, agneau braisé, saucisse, œuf poché et crème sure. Sur papier, ça fait un peur, mais dans l’assiette, avec la touche Jetté, le plat n’est pas trop roboratif. La quantité est appropriée, et les saveurs sont au rendez-vous. Un bel amalgame entre la cuisine d’antan et la cuisine moderne, le tout enrobé des belles saveurs du feu de bois.

On est ressortis du Hoogan et Beaufort repus, mais pas lourds, ce qui est parfait quand on souhaite faire autre chose de son dimanche que digérer. (Audrey Lavoie)

Le souper: brûler d’envie

La première chose qu’on remarque en entrant chez Hoogan et Beaufort, c’est la plaisante odeur de fumée. Le gentil et attentionné serveur (encore une fois, le service est irréprochable) nous explique que la vraie star de la soirée, c’est l’immense four à charbon de bois situé au cœur du restaurant.

Plusieurs plats au menu comportent en effet des ingrédients «brûlés» (intentionnellement, bien sûr) sur ce four, ce qui donne une petite note fumée à presque tout. C’est réconfortant et sophistiqué à la fois, mais attention : on est très loin de la vague du comfort food version foodie. Les plats, au Hoogan et Beaufort, jouent sur la tension entre le familier et l’expérimental, sans verser dans le facile ou dans le complexe-pour-être-complexe.

À preuve : les tagliatelles au sang de porc. Certaines personnes pourraient trouver les pâtes couleur sang un peu déconcertantes, mais l’émulsion qui rappelle la soupe à l’oignon et les minuscules croustilles de patates qui couronnent le plat dorlotent le palais.
Même chose avec le short ribs, ses choux de Bruxelles (brûlés) et sa sauce à l’érable. Cette pièce de viande très grasse pourrait en effrayer certains, mais elle est cuite à la perfection (sans blague, on pourrait utiliser le gras comme tartinade tellement il a fondu pendant la cuisson) et servie avec un crumble de pain à l’ail. Du nouveau et du réconfortant, préparé de façon originale.

Notre serveur nous a offert un verre d’un joli vin que nous ne connaissions pas (Ikebana, Languedoc Pic Saintloup, 2012 – non disponible à la SAQ, malheureusement), même si celui-ci ne figurait pas sur la carte des vins au verre. Il nous a proposé une dégustation avant de nous laisser choisir notre vin. C’est le genre de petite attention qu’on apprécie énormément.

Oui, les portions sont petites, et plusieurs seront déçus que les pâtes figurent ici dans le rôle d’entrée plutôt que de plat principal; néanmoins, on retrouve au Hoogan et Beaufort une touche d’excellence et un réel souci de la perfection, au détail près. (Jeff Yates)

En résumé

 

Hoogan et Beaufort
4095, rue Molson

hooganetbeaufort.com

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