À moins de deux mois des élections, rien n’est joué dans la circonscription électorale de Laurier–Sainte-Marie. Laissé vide par la député néo-démocrate Hélène Laverdière, qui prend sa retraite politique, le comté pourrait être le théâtre d’une chaude lutte.
Même s’il contrôle Laurier–Sainte-Marie depuis la vague orange de 2011, le Nouveau parti démocratique (NPD) n’a jamais eu la main mise sur la circonscription du centre-est de Montréal. L’ex-chef du Bloc québécois Gilles Duceppe a d’ailleurs maintenu le monopole sur le secteur pour la majorité de son existence.
L’année 2019 amène son lot de pointures fortes pour représenter ce comté. Le NPD fera confiance à Nima Machouf pour succéder à Mme Laverdière. L’épidémiologiste est entre autres connue comme la conjointe de l’ex-porte-parole de Québec solidaire Amir Khadir.
Chez les libéraux, l’écologiste Steven Guilbeault – particulièrement critiqué pour son choix de parti – tentera de donner une première victoire à son parti dans le comté depuis 1988. Selon le site de compilation des sondages Qc125.com, le Parti libéral du Canada serait actuellement deuxième dans les intentions de vote.
Le Bloc comptera pour sa part sur l’artiste et professeur Michel Duchesne pour récupérer ses lettres de noblesse dans Laurier–Sainte-Marie. Le Parti conservateur sera représenté par Lise Des Greniers, ex-conseillère municipale à la Ville de Granby.
Régler la crise
Le revenu médian des ménages de Laurier-Sainte-Marie s’élevait en 2016 à un peu plus de 45 000$. Au Canada, la circonscription occupait le 335e rang sur 338 circonscriptions.
Ce revenu généralement faible se répercute sur la capacité de la population à se loger, constate Éric Michaud. Ce dernier est coordonnateur du comité logement de Ville-Marie pour le Front d’action populaire en réaménagement urbain.
«La situation est très préoccupante, avance-t-il. Il y a un besoin énorme de logement social.»
«Le fédéral insiste beaucoup sur le logement abordable. Mais ce n’est pas nécessairement abordable pour les gens à faible revenu, qui forment la majorité des citoyens de Laurier-Sainte-Marie», ajoute-t-il.
Carrefour de l’itinérance
Selon le directeur du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Pierre Gaudreau, cette situation affecte fortement les citoyens en situation d’itinérance. C’est d’ailleurs le comté qui compte la plus grande proportion d’itinérants, selon lui.
«S’il y a encore autant de monde dans la rue, ce n’est pas qu’il n’y a pas eu de bonnes actions. Le problème est lié à des actions qui sont insuffisantes pour la prévenir, notamment la crise du logement», analyse M. Gaudreau.
«L’itinérance n’existe pas juste dans Laurier-Sainte-Marie, mais c’est le comté au Canada qui est le plus touché par le phénomène» – Pierre Gaudreau
Il constate d’ailleurs que, dans les vingt dernières années, 20% des investissements dans la lutte à l’itinérance versés par le fédéral à Montréal ont touché cette circonscription. Ces fonds s’élèverait à environ 12 M$ par année.