Un projet de jeunes nord-montréalais qui vise à offrir des vélos en libre-service peine à voir le jour dans le quartier, faute de pistes cyclables suffisantes selon Nomez Najac, responsable de la mobilisation pour l’organisme parole d’excluEs. Pourtant, ce ne sont pas les promesses de création de pistes qui manquent.
Les dernières en date concernent les rues Prieur, des Récollets, Amos et Salk. Mais ces travaux ne sont toujours pas réalisés, regrettent les acteurs communautaires. Dans son Plan vélo, qu’il a présenté en 2022, l’arrondissement prévoit la réalisation de ces travaux justement en cette année 2023 et ils concernent les quatre rues sus-mentionées.
Mais l’Association pour la mobilité sécuritaire de Montréal-Nord (AMSMN) demeure sceptique quant à sa concrétisation. «Moi tant que les pistes ne seront pas installées, je ne veux pas y croire», critique le président de l’association, Jean-François Gagné.
Métro a rencontré Jean-François Gagné le 13 avril, dans le cadre de la présentation du Plan de développement social de Montréal-Nord par le comité de mobilité durable et active de la Table de quartier de Montréal-Nord. Une activité réalisée en collaboration avec Parole d’exclu.Es, Hoodstock et l’AMSMN.
On a invité nos élus de Montréal-Nord ce soir, on est quand même déçu qu’ils ne soient pas là.
Jean-François Gangné, président de l’Association pour la mobilité sécuritaire de Montréal-Nord
«On sent que nos élus ils veulent, mais ils ne veulent pas se mouiller. On a des indices qui nous disent que oui, mais on ne pourra pas être sûr tant que ce n’est pas fait», ajoute-t-il.
Un quartier «délaissé»
D’autant que la dernière piste réalisée dans l’arrondissement remonte à 1981, soit 42 ans plus tôt. Elle a été tracée sur le boulevard Gouin, sur un tronçon démuni de trottoir, et où véhicules, cyclistes et piétons se disputent la route dans les deux sens. La dernière Programmation cyclable de la Ville de Montréal, en 2022, ne prévoyait rien pour le quartier. Et donc, les activités estivales pour la mobilité active lancées par la Table de quartier connaîtront des limites selon les acteurs communautaires.
Outre la carence en piste cyclable, la sécurité des piétons, notamment celle des enfants en période scolaire, demeure problématique. Le transport en commun, utilisé par la majorité de la population nord-montréalaise qui n’a pas les moyens de s’acheter des voitures, connait des manques à gagner.
«Maintenant, il y a le SRB Pie-IX, mais plus à l’est, se rendre au métro Cadillac, c’est plus d’une heure», fait remarquer M. Gagné. «On entend parler du REM de l’est, d’un SRB sur Henri-Bourassa, mais on n’a pas de nouvelles. On est encore délaissés avec les pistes cyclables, les piétons, le transport en commun, on ne fait pas attention à la population qui a le plus grand besoin de ce côté-là à Montréal», dénonce le président de l’Association pour la mobilité du quartier.
Actuellement, certaines rues proches des écoles sont piétonnes et cyclables, mais il a fallu une grosse mobilisation, comme une manifestation le 12 juin 2022, pour que cela arrive, souligne M.Najac de Parole d’excluEs.
L’Arrondissement répond
«Depuis plusieurs années, notre Arrondissement inscrit la sécurité des déplacements et la mobilité au sommet de ses priorités. Nous avons récemment posé plusieurs actions en ce sens, notamment aux abords des écoles», souligne le maire suppléant Abdelhaq Sari, dans un courriel envoyé au journal.
«Nous allons réaliser plusieurs autres projets cette année, poursuit-il. Nous avons, par exemple, obtenu le financement de la Ville de Montréal pour l’aménagement de quatre pistes cyclables. Nous allons aussi poursuivre notre programme de sécurisation des rues résidentielles avec davantage de dos d’ânes et de traverses lumineuses.»
«Il est faux de prétendre que, chez nous, la mobilité active se développe au ralenti, soutient le maire suppléant. Pistes cyclables, stations BIXI, service d’autopartage, mesures de sécurisation…; ça bouge beaucoup dans nos rues!»