Janvier est le mois de la sensibilisation à la maladie d’Alzheimer. Au Québec, 152 121 personnes, vivent avec ce trouble cognitif ou une maladie neurodégénérative, selon la Société Alzheimer du Québec. Martine Daigneault, directrice adjointe au programme de l’autonomie des personnes âgées au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS-ODIM), s’occupe du volet hébergement des résidents. Elle souligne que les pertes cognitives rendent les personnes âgées particulièrement vulnérables aux abus et qu’une attention accrue à certains signes est requise.
Les différents types d’abus des aînés
Depuis 2017, la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité fournit un cadre légal en la matière. À partir de cette nouvelle norme, les prestataires de soins pour personnes âgées et de services sociaux ont contracté l’obligation de signaler tout soupçon de maltraitance. Cette dernière peut se manifester par la négligence ou par la violence physique, verbale, psychologique, sexuelle ou financière. Dans les deux cas, la maltraitance porte atteinte aux droits et libertés des personnes âgées, comme le signale Aide Abus Aînés, un service téléphonique confidentiel de conseils et d’orientation destiné aux personnes âgées, à leurs proches et aux professionnels de la santé (1 888 489-2287).
Signes à observer
Au service d’hébergement du CIUSSS-ODIM, Martine Daigneault est aux premières loges pour observer le quotidien des aînés dans leur milieu de vie. «Toute maladie qui augmente la vulnérabilité ou diminue la capacité de communiquer de la personne âgée signifie que l’on doit redoubler de vigilance», explique-t-elle. L’heure du bain est l’occasion d’observer de possibles blessures. Elle souligne que toute modification de comportement, comme une soudaine crainte face à un visiteur ou à un employé, peut s’avérer symptomatique de quelque chose de plus grave.
La ligne Aide Abus Aînés rapporte que la majorité des appels de détresse des personnes âgées concernent la maltraitance financière. À ce titre, l’organisation recommande d’être attentif aux transactions bancaires inhabituelles, à la disparition d’objets de valeur, au manque d’argent pour les dépenses courantes et au manque d’information des aînés sur la gestion de leurs propres biens.
Tolérance zéro
«Depuis 2020, le ministère de la Santé et des Services sociaux a adopté le Plan d’action contre la maltraitance, et c’est tolérance zéro», tranche la directrice adjointe au volet hébergement du CIUSSS-ODIM. Tous les CIUSSS ont dû élaborer un protocole de contingence en cas d’identification d’un possible cas d’abus. Au CIUSSS-ODIM, les employés doivent suivre les consignes suivantes:
1. Signalement officiel: à un supérieur, aux personnes-ressources désignées pour contrer la maltraitance au sein du CIUSSS, aux commissaires aux plaintes, à la police. Ceci peut être fait de façon confidentielle. Les lanceurs d’alerte sont protégés contre les poursuites judiciaires par la Loi sur la maltraitance. L’article 11 interdit en effet les représailles.
2. Vérification des faits: de concert avec l’équipe d’intervention psychosociale, les faits allégués sont détaillés et analysés.
3. Évaluation des besoins des personnes mises en cause, qu’il s’agisse d’une personne âgée, d’un employé visé par des accusations, d’un parent ou d’un proche.
4. Actions et suivi: selon les résultats de la vérification des faits et des besoins des personnes concernées, le cas peut être transmis à la police et déboucher sur la suspension d’un employé le temps de l’enquête ou à sa mise à pied, à une demande de tuteur légal en cas d’abus financier ou à l’intervention du curateur public.
Environ 65 000 personnes âgées habitent sur le territoire du CIUSSS-ODIM. Le centre universitaire intégré chapeaute 18 CHSLD publics, privés et conventionnés, un centre public non-intégré, 57 résidences pour personnes âgées. À ces résidents, s’ajoutent les bénéficiaires des soins à domicile.