De son départ précipité de l’Ukraine jusqu’à Montréal, le parcours de Kateryna Tserkovna, prometteuse joueuse de tennis de 13 ans, aura été semé d’embuches.
Kiev, le 20 février 2022, 7h. Kateryna – Katya, de son surnom – se fait réveiller urgemment par sa mère, Olga, qui lui annonce l’invasion par les troupes russes. Face à la menace, la famille quitte la capitale de l’Ukraine le jour même pour un lieu plus sûr dans l’ouest du pays. Son père se préparait déjà au déclenchement de la guerre depuis un mois.
La jeune fille, sa mère et son chien Lola réussissent éventuellement à passer la frontière et à se réfugier en Allemagne. Son père a initialement dû rester en arrière, ne pouvant quitter le pays en raison de la conscription.
En parallèle, Tennis Canada s’active. De concert avec la Fédération internationale de tennis et la Fédération ukrainienne de tennis, l’organisation coordonne l’arrivée de Katya au Canada afin qu’elle s’y entraîne.
Après une longue attente pour obtenir leur visa, Katya et sa mère arrivent à Montréal le 1er août 2022. Le père de Katya a éventuellement pu les rejoindre dans leur appartement d’Outremont en décembre dernier.
Il y a 15 ans, mes parents voulaient déménager au Canada. Leur rêve s’est réalisé.
Kateryna Tserkovna
«C’est sûr que je m’ennuie de l’Ukraine, confie la jeune fille à Métro, en marge d’un entraînement au Stade IGA. Mais tout a changé maintenant.»
L’adolescente ne planifie pas retourner dans son pays d’origine un jour, puisque l’économie y est trop précaire et que les infrastructures d’entraînement seront déficientes.
Malgré la distance, Katya demeure en contact avec sa famille et ses amis – autant ceux qui se sont exilés comme elle que ceux qui sont restés en Ukraine. «Ils disent que c’est très dangereux, mais il ont peur de quitter le pays, explique-t-elle. C’est là qu’ils ont toujours vécu.»
Une championne en devenir
Katya a été initiée au tennis à l’âge de six ans par son grand-père, un grand amateur. Ç’a été le coup de foudre avec le sport, qui lui a permis de canaliser sa compétitivité, explique-t-elle.
Celle qui était la deuxième meilleure joueuse de sa catégorie en Ukraine s’entraîne depuis son arrivée avec le programme excellence de Tennis Montréal. Tennis Canada finance sa participation.
La conciliation sport-études est difficile, affirme-t-elle. En semaine, la jeune fille est à l’école de 8h15 à 12h30 et s’entraîne de 13h à 17h. La fin de semaine, elle participe à des tournois ou à des entraînements supplémentaires.
Malgré les barrières linguistiques – elle parle anglais, mais éprouve encore beaucoup de difficultés en français –, l’adaptation à la vie montréalaise se fait plutôt bien, assure-t-elle. «C’est facile pour moi de vivre ici. C’est plus difficile pour ma mère, qui a vécu toute sa vie en Ukraine.»
Je crois que je peux être numéro 1 au Canada. Après ça, je veux être la meilleure joueuse au monde et gagner des grands chelems.
Kateryna Tserkovna
Sa passion, sa rigueur et sa bonne humeur impressionnent grandement son entraîneuse, Mirabela Teodorescu. «Je n’ai jamais vu quelqu’un comme ça», souligne-t-elle. L’adolescente est prête à tout pour réussir, et ne rechigne devant aucun entraînement, même le dimanche matin à 7h, précise-t-elle.
La joueuse au style agressif a le «caractère» et le «mental» pour atteindre ses objectifs, bien qu’il soit trop tôt pour évaluer son potentiel d’atteindre le circuit professionnel, soutient l’entraîneuse.
Chose certaine, jusqu’à maintenant, rien ne semble pouvoir l’arrêter.