Quelques semaines après une première caravane à Montréal, des automobilistes issus des communautés noires récidivent. Le dimanche 30 août, ils se sont rendus jusqu’au bureau de circonscription du premier ministre du Québec François Legault, à L’Assomption, sur la Rive-Nord, pour déposer dix recommandations contre le profilage racial.
Des organismes comme le regroupement CACOH et Équipe RDP un organisme œuvrant auprès des jeunes de Rivière-des-Prairies ont participé au convoi, de même que des élus municipaux.
«Assez, c’est assez. On est en 2020, ce n’est pas normal de se faire arrêter parce que tu es Noir», lance Nathalie Pierre-Antoine, conseillère municipale pour le district de Rivière-des-Prairies.
Elle rappelle que les Noirs, les Arabes et les Autochtones sont beaucoup plus susceptibles d’être interpellés par le Service de police de la Ville de Montréal, selon un rapport paru l’automne dernier.
«Mes amis ne se font pas arrêter»
«Toutes les personnes des communautés noires font un jour face à ce problème en Amérique du Nord. Ça m’est arrivé dans ma jeunesse et ça m’arrive encore», souligne Pierreson Vaval, directeur d’Équipe RDP.
Le conseiller municipal pour le district de Saint-Michel, Josué Corvil, s’est lui aussi fait interpeller quelques fois sans raison alors qu’il était au volant.
Quand ça lui arrive, il présente ses papiers, sans contester. «Lorsque vous vous faites arrêter injustement ou indûment, la colère monte en vous», témoigne M. Corvil. «Quand je raconte ça à mes amis, ils ne comprennent pas, parce qu’ils ne se font pas arrêter.»
Selon Pierreson Vaval, ces interpellations laissent des traces sur la perception que les communautés noires ont des policiers. «Quand vous vous retrouvez près d’un véhicule de police, vous vous sentez déjà interpellé», dit-il.
Une politique à surveiller
Cette manifestation survenait quelques jours avant le début de la consultation publique de la Commission de la sécurité publique sur la nouvelle Politique sur les interpellations policières du SPVM.
Nathalie Pierre-Antoine invite les citoyens à y participer en grand nombre. Selon elle, cette politique présente plusieurs lacunes. Elle croit, par exemple, que les policiers devraient être tenus d’informer les personnes interpellées de leurs droits et que les interpellations faites en regard du Code de la route devraient être incluses dans la politique.
«Tout le monde sera attentif à ce qui va se passer pendant les consultations», conclut Pierreson Vaval.