Une étudiante à la maîtrise veut donner une voix aux jeunes adultes du quartier ayant fait l’expérience du système de justice pénale lorsqu’ils étaient encore adolescents.
Dans le cadre de ses études en travail social à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), Izara Gilbert veut documenter l’expérience de ces jeunes à travers toutes les étapes de la chaîne pénale et ce, de leur propre point de vue.
«On veut voir comment les jeunes expérimentent la discrimination une fois qu’ils sont pris en charge», explique l’étudiante.
Elle est à la recherche de six jeunes adultes de 18 à 25 ans de Rivière-des-Prairies ou de Pointe-aux-Trembles, des jeunes adultes ayant pris un pas de recul sur leur expérience avec le système de justice, qu’ils soient passés par les centres jeunesse ou non.
Des quartiers peu étudiés
Un des points d’ancrages de la recherche sera la «territorialisation de la discrimination», c’est-à-dire la manière spécifique dont le contrôle et la surveillance policière s’exercent dans un quartier.
À ce chapitre, Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles restent peu explorés par les chercheurs universitaires, relève Jade Bourdages, professeure à l’École de travail social de l’UQÀM et directrice de maîtrise de Mme Gilbert.
Lors d’un projet de recherche précédent, elle a pourtant remarqué que beaucoup de jeunes du du Centre de réadaptation Cité-des-Prairies étaient originaires de ces deux quartiers.
«En voyant qu’ils étaient représentés dans les milieux de garde fermés, ça nous a interrogées. On a voulu en savoir plus», dit-elle.
Des jeunes plus ciblés qu’ailleurs
Les données récentes sur la délinquance juvénile et le profilage ont confirmé l’intérêt de la chercheuse pour le territoire.
«On a été très surprises de constater qu’il y’a un plus grand ciblage dans [RDP-PAT] depuis 2015-2016. On veut savoir comment les jeunes l’ont vécu», explique-t-elle.
Ces jeunes, davantage ciblés lors de petits délits que dans d’autres quartiers, entrent dans la chaîne pénale, une chaîne dont il est par la suite difficile de se sortir.
«Les jeunes restent avec ce stigma pendant longtemps. Ça devient difficile de développer une trajectoire sans autre contact avec le système de justice. Ça affecte les relations familiales, le travail», souligne la chercheuse.
Elle croit que Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles ne sont pas encore enfoncés dans le cercle vicieux de la surveillance, de la délinquance et du profilage.
«Si on prend les choses à bras le corps et avec audace, on est capables de proposer des solutions pour éviter d’aller trop loin dans la reproduction des inégalités», conclut-elle.
Participants recherchés:
- Jeunes de 18 à 25 ans
- Originaires de Rivière-des-Prairies ou Pointe-aux-Trembles
- Ayant été impliqués avec la justice à plus d’une reprise
- Une somme de 40$ est offerte
- Entrevue confidentielle de deux heures