Un «haut taux d’absentéisme général» a eu une «incidence directe sur l’hygiène des résidents» du CHSLD Auclair, selon un rapport produit par l’armée canadienne, paru hier. Si les employés semblent revenir progressivement à leurs postes, le manque de personnel est toujours bien réel.
Présents dans ce centre de Rosemont-La Petite-Patrie depuis le 7 mai, 60 soldats de l’armée canadienne sont venus prêter main forte au personnel dont une grande partie n’était plus en poste.
«Il semble que le manque de PAB [préposés aux bénéficiaires] avait une incidence directe sur l’hygiène des résidents. […| L’ampleur de la crise a fait en sorte, selon nos observations, que beaucoup de bonnes pratiques ont été abandonnées afin de pallier aux problématiques urgentes du moment», peut-on lire.
La situation s’est améliorée depuis, mais la main d’œuvre est toujours insuffisante. « Maintenant, nous observons que le personnel est graduellement de retour au travail, mais le nombre demeure insuffisant selon les ratios du centre», note ainsi le rapport, à propos du personnel médical.
Le centre Auclair a été durement touché par la pandémie de COVID-19. En date du 26 mai, le Ministère de la Santé et des services sociaux recensait 29 décès parmi les 141 résidents depuis le début de la crise.
L’armée note toutefois que le taux de propagation du virus a pu être stabilisé à grâce aux efforts communs des soldats et du personnel. De 55% à leur arrivée, le taux de résidents infectés était estimé à 59% le 25 mai.
«La stabilisation semble due à un resserrement de pratiques du port de l’ÉPI [équipements de protection individuel] et au décès de nombreux résidents infectés», précise le rapport.
Revenir aux «bonnes pratiques»
Avec plus d’effectifs, un plan d’action élaboré par la direction du centre et «une communication adéquate», l’armée semble confiante. Avec plus de personnel et des consignes claires, les bonnes pratiques d’hygiène et de soins pourront être mises en place durablement.
«Une amélioration a été remarquée quant au respect des zones et des procédures suite à l’intervention de la gestion de l’établissement», souligne l’armée, ajoutant que le centre ne peut pour l’instant pas se passer complètement de son mentorat en matière de gestion.
L’hygiène, une priorité dans les CHSLD
Pour sa part, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal reconnaît que le CSHLD Auclair a parfois dû prioriser certains soins plutôt que d’autres. Mais, il soutient que l’hygiène des résidents a toujours été respectée. Au même titre que l’hydratation, l’alimentation ou la protection contre le virus, l’hygiène des patients est une préoccupation majeure des employés des CHSLD.
«Tous les résidents ont reçu au moins un bain par semaine et ont reçu des soins quotidiens à la débarbouillette. Lorsqu’il était possible de le faire, le deuxième bain était offert», rapporte Séléna Champagne, conseillère aux relations médias du CIUSSS.
Malgré l’urgence, le manque de moyens et le manque de personnel, Mme Champagne rappelle que la qualité de vie des patients et résidents est toujours une priorité pour le CIUSSS.
«Le personnel clinique s’est assuré de surveiller l’intégrité de la peau des résidents afin qu’il n’y ait aucune plaie de pression qui se développe chez les résidents, assure-t-elle. Toutes les actions nécessaires ont été mises en place afin de continuer à offrir une bonne qualité de soins et de services malgré la gestion de la crise.»
Le CHSLD Auclair qui retrouve sa stabilité, proposera désormais un deuxième bain par semaine à ses résidents. «Nos équipes sont très fières d’avoir traversé cette crise qui a duré quelques semaines tout en limitant les dommages collatéraux», conclut Mme Champagne.
Cet article a été modifié le 28 mai 2020 pour y inclure les réponses du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.