Alors que la cinquième vague de la pandémie continue sa progression, les commerces québécois continuent à être affectés. Si la situation globale reste difficile, des commerces de Rosemont parviennent toutefois à s’en tirer sans trop de difficultés. Métro a discuté avec certains intervenants et boutiques du quartier.
«La situation sur Masson, comme à l’échelle de la province, est difficile, explique le directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Masson, Kheir Djaghri. Notamment pour les restaurateurs et les salles de sport. Il faut fermer, ouvrir, gérer le personnel… C’est une période difficile. Je crois qu’il n’y a que les aides des gouvernements [fédéraux et provinciaux] qui peuvent aider.»
M. Djaghri relève qu’en 2021, tout comme en 2020, la Promenade Masson a enregistré trois fermetures de commerce. «Avant la pandémie, nous n’avions pas un taux d’inoccupation de locaux très élevé. Nous avons un peu plus de locaux vacants que les autres années, mais pas à un point alarmant», ajoute-t-il en soulignant que les locaux vacants sont par ailleurs souvent reloués dans les deux mois suivant leur inoccupation. Pour lui, la situation actuelle est semblable à celles de 2020 et de 2021.
Le directeur général de la SDC de la Plaza Saint-Hubert, Mike Parente, note que l’achalandage de l’artère a plutôt diminué, notamment avec la fermeture des restaurants. «Sur la Plaza Saint-Hubert comme ailleurs, les commerçants trouvent ça très difficile en ce moment. Et on ne parle même pas des restaurateurs, qui sont complètement fermés pour ceux qui ne comptaient que sur leur salle à manger», souligne-t-il. M. Parente indique toutefois qu’il n’a pas constaté une augmentation de la fermeture des commerces.
Des initiatives locales
Pour soutenir ses commerces, la SDC Masson a mis en place certaines initiatives. Elle a par exemple organisé quatre campagnes de sociofinancement depuis le début de la pandémie. Celles-ci ont permis de récolter près de 130 000 $, qui ont par la suite été réinvestis dans la Promenade Masson.
La SDC a également mis sur pied un système de chèques-cadeaux. En 2021, 20 000 $ ont été récoltés au moyen de cette initiative. Les chèques-cadeaux, qui peuvent être achetés en ligne, au bureau de la SDC ou à la quincaillerie Rona Bélanger, sont valides dans 90 commerces de la Promenade Masson. «Une fois que les commerçants honorent le certificat-cadeau, ils reviennent ensuite auprès de la SDC, qui les rembourse», explique M. Djaghri.
Du côté de la Plaza Saint-Hubert, des plans de relance sont en élaboration.
Des revenus en hausse pour certains
Si certains commerces de Rosemont ont vécu de plein fouet les impacts de la pandémie, d’autres ont réussi à s’en sortir sans trop de dommages. C’est le cas de Geneviève Guenet, propriétaire de l’épicerie Les Récoltes, qui est ouverte depuis quatre ans et qui propose des produits locaux. De son côté, elle indique avoir enregistré une hausse de revenus.
«Nous sommes une épicerie et nous n’avons pas eu à fermer. Donc nous n’avons pas connu la même réalité que certains, explique-t-elle. Dans notre cas, l’impact sur nos chiffres de vente a même été positif. Nous sommes positionnés sur les produits locaux et il y a eu un certain engouement pour l’autonomie alimentaire du Québec.»
Mme Guenet ajoute que si certains commerces ont eu à composer avec des problèmes d’approvisionnement, ce n’est pas le cas de son épicerie. «Nous n’avons pas été impactés, comme nous travaillons en circuit court, directement avec les producteurs. Il y a eu une mobilisation incroyable auprès des petits producteurs», souligne-t-elle.
La petite ferme du mouton noir est un magasin de vêtements pour enfants âgés de 0 à 12 ans. «Nous n’avons pas été tant affectés que ça. Nous avons notre propre boutique et notre propre collection, donc tout ce qui est production de vêtements, nous le contrôlons», note l’aide-gérante Frédérik Lavoie.
Elle ajoute que la pandémie a poussé le commerce à développer sa boutique en ligne. «Nous avons profité de la période où nous étions fermés pour travailler sur notre site et mettre nos vêtements, indique-t-elle. Les gens ont par la suite vraiment commencé à magasiner en ligne. Les gens sont consciencieux des vêtements faits à Montréal, il n’y en a pas tant que ça. Ça s’est quand même bien passé pour nous.»
Un manque de main-d’œuvre évident
Si ses revenus n’ont pas été affectés par la dernière vague de la pandémie, Mme Guenet note toutefois que le manque de main-d’œuvre a représenté un défi pour elle. «Ç’a été un gros défi. Comme plusieurs petits commerces de Rosemont, on engage des Pvtistes [travailleurs étrangers participant au Programme Vacances Travail], indique-t-elle. Ça fait partie du noyau de notre main-d’œuvre. Quand ils ont arrêté les permis et complexifié le processus pour les jeunes travailleurs de l’étranger, ça a eu un gros impact. Nous avions de la difficulté à trouver des employés et à les garder.»
Même son de cloche du côté de La petite ferme du mouton noir. «On est une petite équipe. En ce moment, c’est difficile, on a des employés qui sont partis avec le retour à l’école. Nous engageons beaucoup d’étudiants. Là, on cherche des gens», explique Frédérik Lavoie.