Comme les épiciers et les pharmaciens, les éboueurs jouent un rôle essentiel et n’ont pas soufflé durant la pandémie. Leurs conditions de travail, teintées par les craintes d’infection, ont drastiquement changé, mais restent sécuritaires.
Tant devant la porte des citoyens que dans les poubelles publiques, «il y a plus de vidanges […], parce que les gens sont plus à la maison, où ils font plus de ménage et ils consomment», soutient le porte-parole du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, Hans Marotte.
Durant la pandémie, plusieurs Laurentiens en ont également profité pour se débarrasser de certains déchets de construction, comme des morceaux de bois volumineux. Comme les entreprises privées chargées de faire le ramassage à Saint-Laurent ne prennent pas ce type de rebu, ils ont tendance à se retrouver dans les poubelles de rues et de parcs.
Cette nouvelle charge de travail allonge les horaires de travail dans certains arrondissements, mais pas à Saint-Laurent, indique M. Marotte.
Par ailleurs, davantage de canettes et de bouteilles qui sont habituellement consignées dans les épiceries se retrouvent dans les poubelles publiques.
«C’est quand même des choses qui ont touché la bouche de certaines personnes. On ne sait pas si c’est là depuis une heure ou depuis trois jours», indique M. Marotte.
Fayçal Bendhiba, préposé à l’entretien général dans Saint-Laurent, a pour sa part remarqué un fort achalandage dans des parcs comme Hartenstein et Painter ainsi qu’une augmentation des déchets avec le retour du beau temps.
«On est directement en contact avec les citoyens, que ce soit au service de l’eau ou des parcs. Le risque d’infection est toujours là, dit M. Bendhiba. Je dois avouer que l’arrondissement a tout mis en œuvre pour garantir notre sécurité.»
«Les vidanges, c’est très, très important au niveau de la santé publique, de la salubrité, mais c’est quelque chose qu’on oublie.» — Hans Marotte, Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal
Adaptation
Des ajustements ont été nécessaires pour permettre la distanciation physique entre les cols bleus, qui doivent porter gants et masques.
«Dans les derniers jours, il a fait vraiment chaud, je réalise vraiment que c’est un handicap. C’est un nouveau défi, on va s’adapter», dit M. Bendhiba.
Lorsque l’espace dans les camions est insuffisant, les deux vidangeurs prennent leur véhicule respectif.
Les employés doivent les désinfecter au début et à la fin de leur quart de travail.
«La conscientisation des travailleurs de façon très générale est excellente. Il y a vraiment une bonne collaboration. Tout le monde veut s’assurer que la propagation va être minimale», indique Hans Marotte.
Moins de dix cols bleus ont été infectés sur leur lieu de travail dans les arrondissements montréalais depuis le début de la pandémie, notamment dans l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.
À Saint-Laurent, un seul cas aurait été recensé, mais l’infection provenait de son entourage.
Aide alimentaire
Les employés de la Ville de Montréal demeuraient sur appel en cas d’urgence au début de la pandémie. À Saint-Laurent, ils sont quelques-uns à donner un coup de pouce aux organismes communautaires, dont le centre de pédiatrie sociale, en offrant un service de livraison pour les denrées alimentaires. De nombreuses familles ont perdu leur emploi en raison du confinement.