Sud-Ouest

Pire que le verglas

Les étagères se vident dans les épiceries comme celle du IGA Saint-Pierre.

Par besoin de sécurité, les gens se procurent en grand nombre le papier de toilette.

Face à la pandémie de la COVID-19 et la crainte de devoir se placer en quarantaine, des résidents du Sud-Ouest ont pris d’assaut les épiceries et autres magasins de grande surface pour s’emparer principalement de denrées alimentaires, d’eau embouteillée et de papier de toilette,

«Les gens paniquent, c’est pire que le verglas», affirme Claude St-Pierre, propriétaire de l’épicerie IGA située sur le boulevard Monk à Ville-Émard.

En affaires depuis 36 ans, M. St-Pierre comprend mal les raisons qui incitent les gens à acheter en grande quantité du papier de toilette ainsi que des mouchoirs. «C’est sûr qu’en fin de semaine, je risque d’en manquer», dit-il.

Son adjointe Annick Leblanc parle d’une véritable frénésie. «Les gens se préparent à une catastrophe, ajoute-t-elle. Ils tentent d’avoir un kit de survie pour être capables de survivre pendant un temps déterminé.»

Au Costco de la rue Bridge dans Pointe-Saint-Charles, des gens attendaient en ligne dès 7h, ce matin. À l’ouverture à 10h, 700 personnes sont entrées en même temps. À 10h45, il ne restait plus aucun papier de toilette.

«Pour une raison qu’on ignore, plusieurs repartent avec le chariot rempli de rouleaux de papier de toilette», a confié un des employés qui a tenu à taire son nom.

Les bouteilles d’eau embouteillées partent rapidement sur les étagères.

Angoisse

Le fait que le coronavirus soit imperceptible peut expliquer le vent de panique qui pousse les gens vers les magasins d’alimentation, selon le psychologue Pierre Faubert.

«C’est du jamais vu. Le verglas était visible alors qu’un virus, c’est sournois et invisible. Cela contribue à l’augmentation du sentiment d’angoisse chez les gens», mentionne-t-il.

M. Faubert déplore ce phénomène. «Ce n’est pas comme s’il y avait un missile nucléaire qui allait nous tomber sur la tête, indique-t-il. Les gens s’attendent à vivre isolés et par instinct de survie, ils vont s’acheter de la nourriture et papier de toilette. Cela répond à un besoin fondamental de se sentir en sécurité.»

Le psychologue recommande de prendre une pause pour retrouver ses repères. «Il faut prendre conscience que parfois comme être humain, on se comporte comme des moutons. Il faut prendre du recul», suggère Pierre Faubert.

Vendredi midi, François Legault a confirmé lors d’une conférence de presse qu’il n’y aurait «aucune pénurie de nourriture au Québec» et que les livraisons de denrées se poursuivront normalement à travers la province.

Le Conseil canadien du commerce de détail abonde dans le même sens.  «Les chaines ont commandé en fonction d’un achalandage normal, ce qui explique les tablettes vides. Elles seront remplies bientôt», assure le directeur des relations gouvernementales, Jean-François Belleau.

Des comportements de consommation normaux doivent être maintenus. «On comprend que les gens veulent faire des réserves, mais il ne faut pas oublier que les quarantaines sont d’un maximum de 14 jours. On demande aux clients de différer leurs heures de visite des épiceries», mentionne-t-il.

Avec la collaboration d’Éric Martel du Messager de Lachine-Dorval. 

 

Articles récents du même sujet

Exit mobile version