Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé officiellement samedi à Madrid que l’Espagne avait obtenu “un accord sur Gibraltar” et voterait “en faveur du Brexit”.
“Je viens d’annoncer au roi d’Espagne que l’Espagne est parvenue à un accord sur Gibraltar” après avoir obtenu du Royaume-Uni et de ses partenaires européens les garanties qu’elle réclamait, a dit M. Sanchez, dans une allocution télévisée.
“Par conséquent, le Conseil européen aura lieu demain (dimanche). L’Europe et le Royaume-Uni ont accepté les exigences qu’avaient posées l’Espagne. L’Espagne lèvera son veto et votera en faveur du Brexit”, a-t-il ajouté très clairement.
Madrid voulait s’assurer que les accords conclus entre Londres et les 27 n’affaibliraient pas sa revendication sur ce territoire d’à peine 6km2 et où vivent 30 000 personnes, à l’extrême sud de la péninsule ibérique, qu’elle a cédé à la Grande Bretagne en 1713.
La détermination de l’Espagne à obtenir ces “garanties” avait fait planer le doute sur la réussite du sommet européen de dimanche sur le Brexit, qui doit sceller un accord historique de divorce entre l’UE et le Royaume-Uni.
Après 17 mois de négociations, les deux parties ont réussi à finaliser un “traité de retrait” du Royaume-Uni puis une “déclaration politique” ébauchant les futures relations de Londres avec l’UE.
Mais l’Espagne avait menacé de voter contre ce traité si elle n’obtenait pas noir sur blanc un droit de veto à l’application de tout accord futur entre l’UE et Londres à Gibraltar.
“Une fois que le retrait du Royaume-Uni de l’UE se sera produit, la relation de Gibraltar avec l’UE (…) passera par l’Espagne”, a affirmé le dirigeant socialiste espagnol, au pouvoir depuis juin.
“Nous avons obtenu les garanties suffisantes pour pouvoir envisager une solution à un conflit qui dure depuis plus de 300 ans entre le Royaume-Uni et l’Espagne”, a-t-il ajouté.
Selon M. Sanchez, la position de l’Espagne sort ainsi renforcée pour de futures négociations, quand il s’agira de “parler de souveraineté partagée et d’autres choses avec le Royaume-Uni”.
Au nombre des garanties, il a cité “une déclaration conjointe du Conseil européen et de la Commission européenne dans le cadre de l’accord de retrait” et le fait que “le gouvernement britannique reconnaît par écrit cette interprétation”.
A Londres, le porte-parole du gouvernement britannique a réaffirmé la souveraineté britannique sur Gibraltar mais a, dans le même temps, fait savoir dans un communiqué qu’il ne chercherait pas à régler les relations entre l’UE et Gibraltar sans l’accord de Madrid.
Londres précise ainsi qu’il ne considère pas que l’article 184 du traité sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE “préjuge de la portée territoriale des accords” qui régiront à l’avenir les relations entre l’UE et Londres.
Madrid craignait que, sans cette précision, l’article 184 permette à Londres et Bruxelles de régler les relations entre l’UE et les territoires britanniques, sans consulter l’Espagne sur les aspects qui touchent à Gibraltar.